L’homme qui en savait trop de Laurent Alexandre et David Angevin ; Chapitre 5

Suite de nos lectures de…

L’homme qui en savait trop

de Laurent Alexandre et David Angevin

L'homme qui en savait trop

Héros méconnu de la Seconde Guerre mondiale et génie visionnaire – l’inventeur de l’ordinateur, c’est lui –, Alan Turing a révolutionné nos vies. Et il est mort en paria. 
Dans un futur proche. Les transhumanistes ont gagné. L’IA (intelligence artificielle) domine désormais le monde. Mais elle a une obsession : réhabiliter la mémoire de son  » père « , le génial mathématicien anglais Alan Turing. Pour cela, il lui faut établir la preuve qu’il ne s’est pas suicidé, comme l’a toujours prétendu la version officielle, mais qu’il a été assassiné. En quête du moindre indice, elle remonte le fil de sa vie…

En décodant Enigma, la machine de cryptage des forces allemandes, fierté du régime hitlérien sur laquelle les services secrets alliés se cassaient les dents, Alan Turing a largement influé sur le cours de l’histoire. En créant l’ordinateur, il a inventé le futur. Pourtant, ce jeune homosexuel au QI exceptionnel a connu un destin terrible : traité en renégat par sa propre patrie, il est mort d’empoisonnement au cyanure dans des circonstances suspectes en 1954, en pleine guerre froide, peu après avoir accepté la castration chimique pour échapper à la prison. Dans l’Angleterre puritaine et ultraconservatrice de l’après-guerre, influencée par le maccarthysme américain, qui avait intérêt à faire éliminer Turing, l’homme qui en savait trop ?

Entre histoire, espionnage, science et secrets d’État, un  » biopic  » mené comme un thriller où l’on croise Churchill, Eisenhower, Hitler, Truman, Staline, les espions de Cambridge, de Gaulle, et jusqu’à l’ombre inquiétante de John Edgar Hoover.

Place au cinquième chapitre

5.

Sergey Brin enleva le casque d’immersion virtuelle et le laissa tomber sur le sol. Il se leva péniblement, courbatu et chatouillé par d’invisibles fourmis, et s’étira longuement. L’immersion prolongée provoquait parfois des vertiges, mais il se sentait bien.

— Pourquoi as-tu interrompu la séance ? grinça-t-il.

— Il est temps de vous préparer pour la visioconférence avec les autorités chinoises.

— Oh non, pas les Chinois…

— Votre équipe attend dans l’antichambre.

— Dis-leur que j’arrive dans cinq minutes.

— Le président chinois est déjà prêt.

— Que ses larbins lui servent un thé au jasmin pour patienter.

Sergey se passa le visage à l’eau froide. Les images de Sherborne se superposaient à son visage dans le miroir. Il enfila un T-shirt neuf à l’effigie de l’université de Stanford et se recoiffa avec les doigts. Il ne portait de cravate que pour les enterrements, et il ne se rendait plus à ce genre de réunions publiques depuis celle de Bill Gates, bien des années plus tôt. Il était le maître du monde économique, le roi de l’information, le king du marché publicitaire mondial, et s’octroyait de droit de s’habiller comme un étudiant californien attardé, en jean, T-shirt et tennis Vibram FiveFingers, y compris pour négocier avec les grands de ce monde.

— Vos signes vitaux et manifestations physiques pendant l’immersion traduisaient plaisir et empathie, dit-elle.

— Turing semblait un bon garçon, approuva Sergey. Son visage me rappelle un geek que j’ai connu au lycée, un pédé lui aussi, qui avait piraté le système informatique d’une banque pour vider le compte d’un prof de sport qui lui faisait des misères.

— Peter Moscowitz ? suggéra l’IA.

Elle afficha sa photo sur le mur, un cliché qui illustrait un article sur de nouveaux forages de gaz de schiste en région parisienne.

— Oui, c’est bien lui, confirma Sergey. Le pauvre homme n’a plus de cheveux…

— Il est aujourd’hui directeur R & D chez Total, une société française dont Google détient 30 % des parts. Souhaitez-vous des informations complémentaires sur votre ancien camarade de classe ?

— Surtout pas !

Sergey ouvrit la porte de son bureau et s’arrêta sur le seuil.

— J’ai une longue journée devant moi. Mais je veux reprendre l’immersion Turing à mon retour.

— Vous ne pourrez jouir d’une immersion complète et panoramique qu’avec les archives des services secrets.

— Je ferai tout ce que je pourrai pour te fournir les data, souffla-t-il avant que la lourde porte blindée ne se referme derrière lui.

Il se posta devant l’écran de visioconférence sans écouter le briefing de ses conseillers Asie. Le président chinois, un gai luron dans le privé – il ne lésinait pas sur les drogues de synthèse et les parties fines –, était comme d’ordinaire habillé en croque-mort dans le cadre de ses fonctions officielles. Ses cheveux laqués noirs, parfaitement lisses, semblaient couverts d’une peinture métallisée automobile.

— Jolie coupe de cheveux, Fang Yin. Désolé pour le retard. Quel temps fait-il à Pékin ?

Auteur : Collectif Polar : chronique de nuit

Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

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