L’homme qui en savait trop de Laurent Alexandre et David Angevin : chapitre 6

Suite et fin de nos lectures de L’homme qui en savait trop de Laurent Alexandre et David Angevin.

Ce chapitre 6 clôt notre immersion dans ce fabuleux bouquin.

L'homme qui en savait trop

Alan Turing, mathématicien anglais est considéré comme le fondateur de l’informatique.
Mathématicien et logicien anglais, Alan Turing (1912-1954) est célèbre pour avoir déchiffré les messages codés allemands pendant la Seconde Guerre mondiale (opération Enigma). Il a, selon Churchill, sauvé l’Angleterre. Père de l’informatique et de l’intelligence artificielle, il s’intéressa également au rapport entre la biologie et la logique.
Histoire stupéfiante du père de l’informatique, condamné au secret pour ses travaux dans les services secrets et pour son homosexualité.

Bon allez je vous laisse découvrir ce sixième chapitre

6.

Le lieutenant O’Ryan alluma une nouvelle cigarette pour tuer le temps. Il attendait depuis une heure devant la porte d’un colonel des services secrets britanniques. Sa formation était achevée. Il avait subi trois semaines d’entraînement physique avec des centaines d’autres hommes triés sur le volet. On l’avait jaugé, évalué psychologiquement, testé sous toutes les coutures dans un camp militaire isolé au fin fond du Yorkshire. Il avait été jugé apte à rejoindre le MI6, la branche du SIS (Secret Intelligence Service) chargée des activités d’espionnage à l’extérieur du pays. Terminé la surveillance des cocos à la sortie des usines de Liverpool et de Manchester, fini l’interception du courrier, les intrusions chez les particuliers et les interrogatoires de sous-fifres. Dans quelques jours, il serait nommé capitaine, assigné au MI6. John O’Ryan allait voir du pays au service de Sa Majesté.

La porte du bureau s’ouvrit enfin. Un jeune soldat le conduisit jusqu’au bureau du colonel Duncan.

— Le lieutenant O’Ryan, mon colonel, gueula-t-il.

O’Ryan se mit au garde-à-vous devant le bureau du militaire, un grand type sec aux cheveux blancs, plongé dans la lecture d’un rapport.

— Le ministre français de l’Intérieur vient de déclarer : « Le communisme, voilà l’ennemi », dit Duncan sans lever la tête de son rapport. D’ordinaire j’exècre les Français, mais il faut admettre que c’est bien envoyé ! Qu’en pensez-vous, O’Brian ?

— O’Ryan, mon colonel.

Le colonel releva les yeux et le dévisagea comme on observe un demeuré.

— Qu’est-ce que vous faites debout ? Asseyez-vous, nom de Dieu, vous n’êtes plus un troufion…

— Merci, mon colonel.

Duncan alluma une pipe et se leva pour se servir une tasse de thé.

— Un darjeeling, O’Ryan ?

— Avec plaisir, mon colonel.

— Je l’ai rapporté moi-même du Bengale-Occidental, c’est un nectar qui a poussé en altitude, sur les contreforts de l’Himalaya.

Il porta la tasse en porcelaine à ses lèvres. Les arômes musqués du thé noir lui procurèrent un bien-être immédiat.

— Une merveille, en effet, mon colonel.

— Quelle différence faites-vous entre les communistes, les socialistes, les bolcheviks, les trotskistes, les anarchistes ?

— Il s’agit de métastases du même cancer installé à Moscou, mon colonel.

Duncan esquissa un sourire.

— Vous me plaisez, O’Ryan ! J’ai lu votre dossier, et j’ai été impressionné par vos états de service. C’est grâce à des hommes comme vous que notre grand pays échappera à la contagion révolutionnaire.

— Merci, mon colonel.

— Je vous ai choisi pour intégrer une section, disons, particulière du SIS. Une section qui requiert des aptitudes que peu d’agents possèdent, à savoir la discrétion d’un caméléon, la fidélité absolue au pays, la haine des rouges, et l’absence totale de scrupules. Vous possédez bien toutes ces qualités, O’Ryan ?

— Je le crois, mon colonel.

— Les membres de ma section n’ont pas de place ni de temps pour une vie de famille. C’est une vie solitaire, et votre main droite sera le plus souvent votre unique fiancée. Un problème avec ça ?

— Non, mon colonel.

— Vous combattrez le fléau communiste à la source, partout où il prolifère, aussi bien en Europe qu’en Asie. Stopper le mal par tous les moyens avant qu’il ne soit trop tard, voilà la priorité de l’ensemble des gouvernements démocratiques. Il s’agit d’une épidémie planétaire qui réclame une guerre anticommuniste globale, et donc une collaboration efficace. Le SIS travaille main dans la main avec les services secrets des autres pays.

— Y compris l’Allemagne, mon colonel ?

— Les Allemands sont des détraqués, O’Ryan. Mais nous préférons un anticommuniste comme Hitler qu’une dictature du prolétariat. Ce serait un moindre mal. Si les nazis accèdent au pouvoir, ce qui est souhaitable, l’Allemagne formera une digue qui empêchera l’Europe de sombrer dans le chaos.

— Sans doute, mon colonel.

— Vous embarquez dans deux jours à Southampton pour l’Amérique, reprit Duncan en allant ouvrir la fenêtre. J’entretiens d’excellentes relations avec M. John Edgar Hoover, le directeur du Federal Bureau of Investigation, une agence américaine de renseignements très performante avec laquelle nous collaborons étroitement.

Duncan ralluma sa pipe et observa le paysage. Des soldats couraient au loin en crachant des petits nuages de vapeur. O’Ryan s’autorisa à allumer une cigarette.

— Vous verrez, Hoover déteste les communistes, reprit Duncan en refermant la fenêtre. Plus encore que les fameux gangsters de Chicago ! Nous avons beaucoup à apprendre des nouvelles méthodes américaines. Observez, O’Ryan, nouez des contacts avec nos amis yankees. Et rapportez-moi une caisse de chocolat au lait Hershey’s, ma femme adore ça.

— Vous pouvez compter sur moi, mon colonel.

— Une dernière chose… Officiellement, vous n’existez pas. À partir de cet instant, je ne sais même plus qui vous êtes…

 

Voilà l’histoire est close.

J’espère que ces lectures des premiers chapitres vous aura envie de poursuivre celle-ci.

Aussi…

Si vous le souhaitez vous pourrez connaître ICI mon petit avis sur ce titre sur le blog Collectif Polar

Auteur : Collectif Polar : chronique de nuit

Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

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