L’exquis cadavre exquis, épisode 3
Elle s’appelle Camille, a la phobie de la chlorophylle et n’a rien trouvé de mieux que de se cacher dans une serre pour échapper à l’Assassin qui la traque.
L’exquis cadavre exquis, épisode 3
L’exquis cadavre exquis, épisode 3
Episode 3
By Aurore Z
Le langage des fleurs
L’inspecteur Sebastián Lerot entre dans la serre en tenant son mouchoir de coton serré sur son visage.
Depuis toujours il traîne une intolérance au pollen. Les allergologues sont formels, à part une légère réaction au bouleau, aucune allergie. C’est psychosomatique. Psychosomatique ! Et allergique au bouleau, cela lui en a valu des quolibets de la part de ses collègues !
Les éternuements qu’il tente de réprimer et les démangeaisons qu’il sent croître dans ses yeux sont bien réels et exacerbés dans cet environnement saturé en chlorophylle. .
Il n’ose penser à l’image qu’il renvoie : grand échalas à la carrure de rugbyman aux yeux rougis et au crâne lisse. Pathétique. II a renoncé à sa chevelure il y a 15 ans quand il a commencé à blanchir précocement. Les femmes lui trouvent des airs de Yul Brynner, et ses lunettes rondes, façon John Lennon, n’enlèvent rien à son charme. Bien au contraire.
Les TIC sont déjà sur place et s’affairent autour du cadavre, tels un bouquet de pâquerettes exécutant une danse à la chorégraphie parfaitement maîtrisée. Leur ballet lui inspire la Valse des Fleurs de Tchaikovsky. Selon les informations qui lui ont été communiquées au petit matin, la victime s’appelle Camille Longchamps, une journaliste spécialisée en criminalité financière.
En l’apercevant, Sebastián ne peut s’empêcher de la détailler : peau d’albâtre, cheveux noir de jais coupés à la garçonne, robe de soirée rouge carmin. Plutôt jolie. Allongée sur le côté, en chien de fusil, un regard non averti pourrait l’imaginer se reposant en ce lieu incongru, si ce n’était ce coquelicot mortel sur sa tempe et son regard émeraude inexpressif.
Mille questions se mettent à tourner dans sa tête.
Que venait-elle faire dans cette serre au milieu de la nuit ? Un indic à rencontrer ? Un rendez-vous galant ?
Refoulant un énième éternuement, Sebastián s’agenouille près du corps et saisit toute l’ironie de la situation : une jeune femme, morte, au milieu des rhododendrons, symbole du danger.
Près de la main de Camille, son regard est attiré par une fleur écrue frangée de bleu: une passiflore.
La présence de cette fleur l’intrigue, Camille l’aurait-elle cueillie alors qu’elle parcourait les allées de la serre ou est-ce le tueur qui aurait laissé cette fleur de la passion, macabre message expliquant son crime ?
En se relevant, Sebastián aperçoit le Directeur du Musée qui les a prévenus.