L’exquis cadavre exquis, épisode 65

L’exquis cadavre exquis, épisode 65

Elle s’appelait Camille, avait la phobie de la chlorophylle et n’a rien trouvé de mieux que de se cacher dans une serre pour tenter d’échapper à son l’Assassin .

Les inspecteurs Lerot et Remini sont sur le coup mais de nombreuses questions restent encore inexpliquées

Pourquoi Max a-t-il été si troublé en apprenant la mort de Camille ? Qui envoyait à la victime de petits cercueils en bois ? Que sait la brigade financière sur cette mystérieuse affaire ?

Accrochez-vous, l’histoire se complique ! Camille a-t-elle été assassinée parce qu’elle enquêtait sur un vaste scandale pharmaceutique, avec Klatschmohn Aktion ? Ou bien à cause d’un détournement de fonds lié au Museum ? A moins qu’elle n’ait découvert l’escroquerie vinicole de son beau-père. Et si sa disparition était liée à celle de sa soeur jumelle ? La dépression de sa mère explique-t-elle son silence ? Quant à Costes, le privé à la réputation sulfureuse, quel rôle a-t-il joué dans l’histoire ?

Maintenant la suite c’est vous qui l’inventez !


L’exquis cadavre exquis

Episode 65 

by Armelle Carbonel

Le diable se cache dans les détails

Éric glisse son portable dans la poche de son jean. Il n’attend pas de réponse au message envoyé à Anton. Celui-ci tenterait certainement d’entamer sa détermination à se rendre chez Lalande. Rompu à la rudesse de sa formation militaire, il n’en demeure pas moins un homme, doté de faiblesses qui portent les doux noms de Laure et Carole. Ses clefs de voiture tintent au creux de sa main tandis qu’il observe les deux femmes assises sur les sièges en cuir brûlés par le soleil. Leur impatience rime avec le silence. Un tableau de famille figé sous la morsure du soleil. Sans prononcer un mot, ils s’engagent sur les entrelacs de bitume qui sillonnent l’Espagne, bifurquent sur des axes moins fréquentés et s’enfoncent au cœur des massifs boisés où la nuit ne tardera plus à déposer son voile funeste. Les heures défilent, cadencées par le ronronnement du moteur et les souvenirs interdits que chacun garde précieusement scellés au fond d’une gorge nouée par l’angoisse. Le temps s’échappe vers une issue inéluctable. La villa de Lalande se profile enfin derrière une barrière végétale propice aux cauchemars. Noirceur et vengeance bouillonnant d’un même sang.

– Arrête-toi ! », s’écrit soudain Carole, achevant le silence si bien installé.

Par-delà les cimes, le ciel s’éclaire d’un étrange ballet de lumières. L’agitation soulevée par la brise confirme leur crainte : les flics ont investi les lieux.

« On fait quoi ? s’inquiète Laure, le teint blême.

 – On se tire ».

Qu’auraient-ils pu envisager d’autre ? Une bonne nuit de sommeil – tant est que Morphée daigne se pointer – leur éclaircirait les idées. Réfléchir. Chercher une marge de manœuvre. Tuer Blanchard.

Un motel sordide à la lisière de la ville ferait l’affaire.

« Deux chambres », commande Éric, soucieux de mettre les siens à l’abri.

Carole et sa mère s’engouffrent dans la première tandis que son oncle disparait dans le capharnaüm mitoyen. La jeune femme surprend le regard pétri de tendresse dont il la couve. Elle se sent soudain mal à l’aise… Jamais auparavant il ne l’avait percée avec une telle intensité qui semblait signifier : je t’aime plus que tout.

Au plus fort de la nuit, Carole sursaute sur sa couche inconfortable. Elle constate le vide laissé par sa mère dans ce lit de misère. S’effraie du bruit d’une altercation dans la chambre voisine. Des voix qui portent, des gosiers hurlants, des menaces jetées contre les parois trop minces pour les dissimuler. L’oreille collée au mur, elle entend les bribes d’une colère terrifiante :

« Tu allais le lui dire… Je l’ai lu dans ton regard…

 – Laure, s’il te plaît…

 – Non ! J’ai déjà perdu une fille… Confiance… Peux pas avouer… Trahison… ».

Puis le cri d’un verre brisé, d’un crâne qui explose sous une pluie de plaintes douloureuses.

Carole se rue hors de la chambre. A cet instant, Laure apparaît sur la coursive, les mains ruisselant de la preuve écarlate de son forfait. Abasourdie, la jeune femme recule dans ce vide qui l’attire inexorablement.

« Mon dieu… Qu’as-tu fait, maman ? Éric ?

 – Ce n’est pas ce que tu crois… C’était un accident… » gémit Laure.

Carole hurle après son oncle – son oncle, vraiment ? -, ce grand frère, son sauveur. Cet homme mort.

A ses yeux hallucinés, Laure Longchamps n’aurait eu aucun mal à convaincre un expert que sa place était en HP. Une unité qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Pour le bien de tous.

 

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