PREMIÈRES LIGNE #119 : Âmes animales, J.R. dos Santos

PREMIÈRES LIGNE #119

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

 Âmes animales, J.R. dos Santos

Le roi du thriller bien informé s’attaque au grand sujet du moment : l’intelligence animale.
Un corps est retrouvé flottant dans l’un des réservoirs de l’Oceanário de Lisbonne. Tous les indices convergent vers la culpabilité de Maria Flor, qui est arrêtée. Un seul homme peut l’aider : son mari, Tomás Noronha.
Pour prouver son innocence, Tomás doit trouver le véritable auteur du crime. Cela le conduit au projet secret de la victime – et aux mystères du tableau le plus ésotérique de Jérôme Bosch Le Jardin des délices. Au bout de la quête se cache l’un des plus merveilleux secrets de la Nature : l’intelligence, les émotions et la conscience des animaux.

Avec Âmes animales, le maître du polar scientifique est de retour avec une aventure qui pointe la bestialité des hommes et révèle l’intelligence animale. S’appuyant sur les dernières recherches scientifiques en éthologie, José Rodrigues dos Santos nous oblige à regarder la face la plus sombre de l’humanité.

PROLOGUE

Les yeux pâles d’Ana étaient si bleus qu’on aurait dit la planète en modèle réduit. La petite attendait dans la première file, les doigts de la main gauche enroulés dans ses mèches châtain clair, son autre main serrant le billet avec force comme si elle craignait que le vent ne l’emporte. Un immense tumulte l’entourait ; c’étaient ses camarades de classe qui s’agitaient, tout excités. Ils étaient partis de bonne heure de Leiria afin de rejoindre Lisbonne pour cette visite tant attendue, mais Ana restait à l’écart du chahut, le regard toujours rivé sur les portes closes devant elle, l’esprit en proie à un tourbillon d’émotions. Elle craignait ces portes, voulant tout à la fois qu’elles s’ouvrent et qu’elles ne s’ouvrent jamais, terrorisée et fascinée par ce qu’elle allait trouver derrière.

— Allons, les enfants ! Du calme, tonna la professeure Arlete en consultant sa montre. Il est dix heures moins deux minutes, ils vont ouvrir.

Les mots de l’enseignante avaient pour but de calmer les écoliers, mais ils eurent l’effet inverse. L’imminence de l’ouverture des portes accrut l’impatience des enfants et, aussi incroyable que cela puisse paraître, le brouhaha ne fit que s’intensifier. L’excitation était à son comble et finit par gagner Ana qui, s’efforçant pourtant de contenir le mélange de peur et de curiosité qui l’habitait, ne put se réfréner et se mit à sautiller.

— Les requins ? Maîtresse, les requins ?

— Du calme, du calme…

— Est-ce qu’ils vont nous manger, maîtresse ? Ils vont nous manger ?

— Allez, les enfants, on se calme !

— C’est vrai qu’il y a des poulpes géants ? Maîtresse, est-ce que les poulpes vont nous attraper et nous broyer ?

Ils assaillaient l’enseignante de questions, criant ou riant, ne tenant pas en place, et elle commença à se sentir exaspérée.

— Écoutez, ou vous vous calmez, ou…

Le vacarme devint tout d’un coup infernal et la professeure Arlete, sentant qu’il se passait quelque chose dans son dos, se retourna, vit la porte s’ouvrir et deux employés s’installer de chaque côté pour contrôler les billets. Cela suffit pour que les enfants se mettent à courir et se déversent dans le bâtiment tel un tsunami.

Comme ses camarades, Ana avait déjà vu à la télévision ou sur Internet des images de la grande structure emblématique de la partie est de la capitale, mais rien ne l’avait préparée à ce qu’elle vit. L’Oceanário de Lisbonne était l’un des aquariums marins les plus grands et les plus modernes au monde, et sa splendeur le rendait presque intimidant lorsque, plongeant dans le couloir, on débouchait sur un immense hall entouré d’une gigantesque baie vitrée.

L’aquarium principal.

C’était comme si vous entriez dans une ville noyée au fond de l’océan, entourée de tous les animaux étranges que celui-ci peut contenir. Des poissons

e toutes les couleurs et de toutes les formes se détachaient derrière le grand vitrage, certains solitaires et d’autres en banc, certains gigantesques comme les thons, d’autres minuscules comme les poissons-clowns, ou encore étranges tels les poissons-lunes, mais aussi des raies manta et des tortues, des poulpes avec leurs tentacules ondulantes, des algues dansant dans les profondeurs entre des anémones jaunes et des coraux multicolores. Pourtant, le plus impressionnant au milieu de ce monde bleu et étrangement silencieux, c’étaient les figures minces et menaçantes qui zigzaguaient au cœur de cette vaste masse d’eau, prédateurs chassant leurs proies, véritables assassins des profondeurs.

— Les requins ! hurlèrent presque à l’unisson les enfants dès qu’ils firent face à cette vision aux dimensions gigantesques. Oh la la ! Regardez les requins !

C’étaient justement les requins qui, de tous les animaux marins, effrayaient le plus Ana. En les voyant si près face à elle, à peine séparés par une baie vitrée qui, en plus, lui paraissait fragile, la petite fille fut prise de panique et se mit à courir. Elle voulait faire demi-tour et ressortir par où elle venait d’entrer, mais le flot de ses camarades de classe qui continuaient de se précipiter dans l’Oceanário l’obligea à prendre des passages sur le côté ; elle franchit une porte et courut le long des couloirs, s’enfonçant dans le bâtiment, l’aquarium central toujours tout autour d’elle, comme si les requins la pourchassaient. Ana accéléra encore ; tout ce qu’elle voulait, c’était sortir de là, partir le plus vite possible, fuir ce lieu de cauchemar et échapper aux horribles monstres marins qui menaçaient de traverser la baie vitrée pour l’engloutir, comme elle les avait vus dévorer tant de gens dans les films qui l’empêchaient de dormir.

Elle déboucha sur un bassin secondaire, visiblement bien séparé de l’aquarium principal ; elle sentit qu’elle était enfin hors de danger et qu’elle pouvait s’arrêter de courir. L’endroit où elle avait trouvé refuge était isolé ; aucun risque de voir arriver les requins. Elle s’adossa à la balustrade, essoufflée, les yeux rivés au sol et les poumons en feu, se remettant de sa frayeur et de sa course. Maudits requins ! Ici, au moins, elle en était libérée. Elle respira profondément, soulagée, et, retrouvant son calme, leva la tête. Elle était seule. Elle entendait les cris de ses camarades de classe, mais leurs voix étaient distantes, perdues quelque part au loin. Elle se força à reprendre sa respiration et, enfin rassurée, regarda autour d’elle.

(…)

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

• Lady Butterfly & Co
• Cœur d’encre
• Ladiescolocblog
• Aliehobbies
• À vos crimes
• Le parfum des mots
• Ju lit les mots
• Voyages de K
• Prête-moi ta plume
• Les paravers de Millina
• sir this and lady that
• 4e de couverture
• filledepapiers
• Les lectures de Marinette
• Chat’pitre
• Les Lectures d’Emy
• Critiques d’une lectrice assidue

Auteur : Collectif Polar : chronique de nuit

Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

37 réflexions sur « PREMIÈRES LIGNE #119 : Âmes animales, J.R. dos Santos »

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