PREMIÈRES LIGNE #127
Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.
Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.
Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !
Et merci à Aurélia pour ce challenge.
Le livre en cause
Âmes battues, Isabelle Villain

Un claquement métallique puis le bruit sourd d’un corps s’effondrant sur le sol. Un geste qui aurait pu ruiner une carrière prometteuse. Un souvenir qui, à n’en pas douter, hantera longtemps le commandant Rebecca de Lost.
Traumatisée par l’issue de sa dernière enquête, réintégrée à la tête de son groupe au 36 quai des Orfèvres, elle est chargée d’élucider le meurtre d’une prostituée. S’agit-il d’un crime commis par son souteneur ou un client ?
Les enquêteurs de la Crim’ se retrouvent confrontés à un psychopathe diaboliquement intelligent dont l’ambition est de battre la police à son propre jeu et dont l’unique choix est d’aller jusqu’au bout de sa manipulation. La partie était perdue d’avance. Lui le savait, les flics pas encore.
Des bas-fonds de Paris aux tréfonds de l’âme humaine, Isabelle Massare-Villain propose une nouvelle intrigue où la violence psychologique prend le pas sur la violence physique.
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26 mars 2012.
Un claquement métallique, puis le bruit sourd d’un corps s’effondrant sur le sol.
La vie de Rebecca a basculé en une fraction de seconde, et pas une seule journée ne s’écoule sans que les images de cet après-midi du 26 janvier reviennent la hanter : le visage de son adjoint, le capitaine Antoine Atlan, à terre, la suppliant de ne pas appuyer sur la détente ; son agresseur, une arme pointée sur elle, lui récitant mécaniquement les raisons pour lesquelles il venait d’assassiner de sang-froid six personnes pour venger la mort de sa propre femme. Il avait tout planifié pendant des mois et ne semblait éprouver aucun remords. Elle peut encore ressentir, même après toutes ces semaines, cette sensation de bras ankylosé. Ils s’étaient tenus là, à quelques mètres l’un de l’autre, face à face, arme contre arme, durant d’interminables minutes. Rebecca était tout à fait consciente, à cet instant, de l’issue vers laquelle ce psychopathe cherchait à l’entraîner. En vain… Elle s’était engouffrée, les yeux fermés, dans le piège tendu et avait tiré. Poussée dans ses derniers retranchements, elle avait craqué. Elle avait réalisé un peu plus tard que gagner la partie n’avait pas été suffisant. Il était parti volontairement à l’abattoir, le chargeur totalement vide. Il était parvenu en quelques secondes à lui retirer toute lucidité, à la transformer en une femme meurtrie et meurtrière, plaçant sa vengeance au-dessus de tout le reste, quitte à mettre sa carrière en danger. Avait-il mérité ce sort ? Rebecca n’était pas en droit de se poser la question. Elle était commandant à la brigade criminelle et son devoir aurait été de procéder à son interpellation et de laisser la justice faire son travail. Elle avait commis une terrible faute, et le commissaire divisionnaire Pecorelli avait été dans l’obligation de saisir le parquet de Paris. L’IGPN{1}, la police des polices, était entrée en action pour mener l’enquête et avait suspendu Rebecca à titre provisoire. Son équipe criait haut et fort qu’elle ne méritait pas cette sanction. Ce n’était pas à eux d’en juger. En attendant, ils tentaient tous de faire face de leur mieux.
La cloche de l’église Sainte-Anne se met à résonner sur la place d’Armes. Il est 10 heures. Rebecca termine son petit déjeuner, assise à la terrasse de l’hôtel. Elle a remonté sa longue chevelure rousse en un chignon approximatif et protégé ses yeux verts avec des lunettes de soleil. La nuit a été agitée, une nouvelle fois. Son teint clair, d’ordinaire toujours rose et frais, est un peu chiffonné.
Une dizaine de colombes d’un blanc nacré se disputent les dernières miettes de pain abandonnées par les clients. Le temps est printanier, la température douce et le ciel bleu azur. L’île de Porquerolles appartient encore pour quelques semaines à ses 350 habitants. Rebecca a découvert par hasard il y a onze ans ce petit coin de paradis situé au large de Toulon au cours d’une escapade en bateau. Elle est tombée amoureuse au premier regard de ces criques cristallines et de ces chemins bordés d’oliviers et de pins parasols. Depuis, elle essaye d’y séjourner une fois par an, ne serait-ce qu’un long week-end, pour se ressourcer et se vider la tête. Ne penser à rien. Alors débarquer ici, après l’épreuve qu’elle venait de traverser, était une évidence.
Rebecca consulte son portable. La batterie est toujours pleine. Le nombre de barres de réseau à son maximum. Rien. Aucun appel.
L’inspection générale des services doit rendre ses conclusions dans les jours à venir, mais elle ignore la sanction qu’elle va encourir : simple blâme, mise à pied temporaire, définitive ou bien mutation à la circulation. La faute est avérée. Elle l’a intégrée, mais son groupe s’est montré solidaire et les circonstances plaident en sa faveur. Rebecca a rangé sa naïveté au placard depuis pas mal d’années. Les excellents résultats de son équipe créent de la jalousie au sein de la Crim’. En tant que femme, elle se retrouve souvent en première ligne, mais elle a sa conscience pour elle et l’appui de sa hiérarchie. Il ne lui reste plus qu’à patienter encore quelques heures, un jour ou deux, tout au plus.
Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :
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• Cœur d’encre
• Ladiescolocblog
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• À vos crimes
• Le parfum des mots
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