PREMIÈRES LIGNE #132
Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.
Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.
Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !
Et merci à Aurélia pour ce challenge.
Le livre en cause
Le crépuscule d’un libertin, Ludovic Miserole

Les crimes du marquis de Sade : Tome 3
Voici dix ans que les frasques du marquis de Sade défraient la chronique !
Donatien n’a pas fini de choquer ses contemporains, au grand dam de sa famille qui tente de faire taire la rumeur et museler la calomnie. Mais un nouveau scandale, bien plus effroyable que les précédents, est sur le point d’éclater. Une ultime provocation judiciaire avant d’ébranler bien plus encore les consciences, de sa plume acérée et sulfureuse.
C’est que Sade éprouve le besoin vital de créer pour exister, de choquer pour se sentir vivant. Embastillé ou interné, Sade se veut libre…
Le crépuscule d’un libertin, Ludovic Miserole
1
CHÂTEAU DE LA COSTE.
FIN D’ANNÉE 1774
À l’étage de la forteresse familiale, un obscur couloir résonne des pleurs d’adolescents des deux sexes. Des sanglots de jeunes personnes que les époux de Sade ont emmenées de Lyon jusqu’ici : cinq fillettes de treize ans tout au plus et un garçon de quinze ans, prénommé André et à qui on a promis qu’il deviendrait le nouveau secrétaire de monsieur le marquis. Rien que ça !
Quel parent sans le sou aurait hésité un seul instant à laisser partir sa progéniture hâve vers une maison dont les murs semblent teintés de la couleur de l’espoir ? Les quelques doutes furent très vite écartés par la jeune Nanon, une Lyonnaise de vingt-quatre ans, tout acquise à la cause des Sade chez lesquels elle s’en allait servir également. Elle avait juré à tous les anxieux de garder un œil protecteur sur leur douce et innocente progéniture.
Hélas ! Arrivés au château, les nouveaux venus s’étaient très vite rendu compte que les belles paroles n’étaient que d’horribles mensonges servis afin d’endormir la vigilance maternelle. Nanon n’est pas femme dont la gentillesse égale la beauté. Loin de là ! Elle n’est motivée que par son seul et unique intérêt qui consiste pour le moment à satisfaire Donatien de Sade, et ce de toutes les manières et avec l’assentiment de madame la marquise. Les enfants sont là afin de nourrir au mieux l’ambition de Nanon, mais aussi, et surtout, calmer monsieur et ainsi rassurer son épouse.
Car voici plusieurs jours que les jeunes gens subissent des châtiments dont ils ne soupçonnaient pas l’existence et pour lesquels ils n’étaient pas prêts. Mais peut-on être préparé pour les coups de martinets, les brûlures et les attouchements que vous inflige un homme qui pourrait être votre père ? On reste sourd à leurs refus et parfois même, on se moque de leurs larmes. Ici, il n’y a guère de place pour l’innocence et on ne se gêne pas pour le leur faire savoir chaque fois que cela s’avère nécessaire.
Certainement alerté par les sanglots, quelqu’un vient et aussitôt le silence envahit le deuxième étage.
Les filles remontent à toute hâte leur drap sur le nez tandis qu’André, placé dans une chambre voisine, se tourne vers le mur. Il ferme les yeux si fort qu’il en aurait presque mal aux paupières.
Un sursaut. Quelqu’un vient d’ouvrir les portes dans un fracas épouvantable.
Le visiteur se tient dans le couloir, en retrait, afin d’observer l’intérieur des deux pièces.
— Que se passe-t-il ici ?
Tous reconnaissent la voix autoritaire de Nanon.
— Vous êtes sous ma responsabilité et j’entends que vous ne dérangiez pas monsieur le marquis avec vos jérémiades.
Une inconsciente ose un timide je veux ma maman d’une voix chevrotante. La réaction de Nanon ne se fait pas attendre. Elle avance d’un pas décidé vers le lit où se trouve la petite capricieuse et la pointe du doigt. Est-ce la bougie qu’elle tient à la main qui rend son visage si inquiétant ?
— Écoute-moi bien ! Ta mère ici, c’est moi ! Alors, cesse de geindre et endors-toi !
L’enfant se mord les lèvres pour ne plus émettre le moindre son. Son corps se met à trembler.
Le visage de Nanon s’empourpre.
Elle déteste qu’on lui désobéisse.
La petite sait ce qu’elle risque si elle s’obstine. Il ne faut surtout pas contrarier Nanon.
Elle renifle, ravalant sa tristesse et ses peurs, puis tente de calmer l’orage dans un soupir las.
— Oui, Nanon.
— Quelqu’un a-t-il d’autres doléances stupides à me soumettre ?
Le silence.
— Eh bien ? Non ? Personne ?
Elle ne reçoit pour toute réponse que l’écho de sa voix agacée.
— Parfait ! Endormez-vous maintenant ! Vous savez que monsieur le marquis déteste poser son regard sur des mines fatiguées. Il vous désire reposés et, surtout, parés du visage de l’innocence. Je ne veux plus entendre un bruit, une plainte ou ne serait-ce que l’expression d’une once de regret. Vous avez accepté de venir à La Coste. Personne ne vous a forcés. Vous apprendrez bien vite que, dans la vie, il nous faut assumer nos choix. Vous verrez, ici vous apprendrez nombre de choses des plus intéressantes et très vite. Tentez de passer une bonne nuit ! À demain !
Les portes restent ouvertes. Ce soir, les enfants n’auront le droit à aucune intimité. Les pas de Nanon s’éloignent.
Après un instant considéré comme suffisant, une des petites filles se met à chuchoter.
— Vous croyez que l’on pourra bientôt partir d’ici ?
Les autres lui ordonnent aussitôt de se taire.
L’une d’elles la menace.
— Tu veux qu’elle revienne et qu’elle nous fouette ? Tais-toi et dors ! Il paraît que demain…
La voix enfantine s’éteint.
Nul besoin de préciser. Toutes et tous ont été prévenus que demain serait jour de la grande cérémonie.
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