PREMIÈRES LIGNE #135
Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.
Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.
Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !
Et merci à Aurélia pour ce challenge.
Le livre en cause
Alliance palladium, Stephane Furlan

Dimanche 5 avril 2009,
dix-sept heures six
J’ai quitté Sophie depuis plus d’un an et n’arrive toujours pas à m’habituer à ces dimanches soir, ceux qui me ramènent devant la porte de mon ancien appartement, au quatrième étage de cet immeuble vétuste du quartier des Carmes, avec mes deux gamines à la main. Voilà, le week-end touche à son terme et avec lui la semaine passée avec mes trésors. Je vais de nouveau me retrouver seul, ne pouvant compter que sur mon job pour oublier la vie que j’ai sacrifiée en cédant à une sirène. Et comme l’aînée vient de fêter ses neuf ans alors que la seconde n’a pas encore atteint les cinq, je me sens obligé de gravir les marches branlantes de l’escalier pour les mener jusqu’à leur mère, m’offrant par la même occasion le spectacle de son mépris qui ne manque jamais de durcir ses yeux quand elle les pose sur moi.
Tout en portant Lucie, la plus petite, je peine derrière Carmen et longe le grand miroir fixé par une âme généreuse sur une cloison du palier, au deuxième étage. Mon reflet s’impose au beau milieu de ces sombres pensées et je suis saisi en ne reconnaissant pas la loque que j’attendais. Non, je vois plutôt un type qui parvient à tenir à distance le relâchement de sa ceinture abdominale et dont les traits résistent en fait assez bien aux assauts du temps. Cette prise de conscience m’arrache un sourire qui se reflète dans la glace et j’ai l’impression que mon jumeau m’offre une marque de sympathie. Ça fait du bien. C’est la seule que j’ai reçue d’un adulte aujourd’hui…
La porte apparaît enfin, sa surface ivoire agrémentée par l’élan créatif de Carmen, trois ans plus tôt, lors de notre aménagement dans ce quartier de Toulouse après une période passée dans la grisaille de la capitale, Sophie à jouer du bistouri et moi de la matraque. Mon aînée a peint un bouquet de violettes, comme pour faire honneur à la mythologie de notre cité de naissance. Je ne sais pas si l’amertume trouble encore ma vision, mais elles me semblent de plus en plus fanées,
ces fleurs censées accueillir les visiteurs assez courageux pour grimper jusque-là.
À peine le temps de reprendre mon souffle que Lucie se tortille dans mes bras pour regagner le plancher et se jeter contre la porte, ses deux poings en avant frappant le bois avec énergie, aussitôt rejointe par sa sœur, les deux accompagnant les percussions par une mélopée primitive ne répétant en chœur qu’un seul mot : « Maman ! »
Je tente de calmer les petits monstres quand l’embrasure se libère sur une femme que je trouve toujours aussi séduisante. Ses yeux noirs, pétillant d’intelligence et s’accordant merveilleusement à sa longue chevelure, me fixent avec cette expression familière, la même dont elle me gratifiait lorsque j’avais omis de baisser la cuvette des toilettes. Ou pour protester contre un tas de vêtements sales sur le sol de la chambre. Sans oublier les aveux de mon infidélité consommée pendant mon escapade à Lisbonne, dans l’enthousiasme de l’arrestation des braqueurs de transports de fonds plus connus dans mon milieu sous le nom de Cagoulés
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