PREMIÈRES LIGNE #140 : Cupidité de Deon Meyer

PREMIÈRES LIGNE #140

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

Cupidité de Deon Meyer

JUILLET

1

Le capitaine Benny Griessel entend des pas pressés et le signal d’urgence. Vusi Ndabeni rameute dare-dare ses collègues, un vol à la voiture-bélier, là maintenant.

Un mardi matin de juillet, au milieu de l’hiver.

Il laisse tomber le dossier sur son bureau, saisit son Z88 dans le tiroir et se met à courir. De petite stature, Vusi est un esprit tranquille, toujours calme. Ce n’est pas le cas à cet instant, il y a de l’intensité dans sa voix, c’est pourquoi Benny n’hésite pas.

Tout en courant dans le couloir il boucle son holster sur sa hanche. Il voit arriver Vaughn Cupido, vêtu de sa longue veste qui lui bat les flancs, son « costume de Batman », son équipement d’hiver.

« Dieu soit loué », crie Cupido. Benny sait que son collègue n’apprécie guère les fastidieuses tâches administratives. Ils étaient justement en plein dedans. Voici une belle échappatoire.

Frankie Fillander et Mooiwillem Liebenberg surgissent du bureau qu’ils partagent. Le martèlement des semelles sur le carrelage nu de la DPCI – la Direction des enquêtes criminelles prioritaires, mieux connue sous le nom de Hawks – devient une charge de capitaines qui se ruent vers le dépôt d’armes au premier étage.

Ndabeni s’y trouve déjà. Il distribue des fusils d’assaut R5 et des cartouches tandis que le lieutenant Bossie Bossert jette des notes rapides sur son inventaire.

« Je veux un Stompie », réclame Cupido.

Vusi lui remet le fusil à pompe avec un chargeur, ainsi qu’une ceinture à munitions.

« Tu veux toujours te singulariser, toi, remarque Fillander. Il s’agit d’un transport de fonds, pas d’un braquage de banque. 

— Un peu de méthode dans ma folie, oom1, répond Cupido. Attendons voir. 

— N’oubliez pas de les rapporter », hurle Bossert, tandis qu’ils dévalent l’escalier.

~

Ces cinq derniers mois, au cours des réunions du matin, ils ont suivi l’enquête de Vusi. Il travaille sur une série de vols à la voiture-bélier dans le Western Cape. La même bande, le même mode opératoire : dix hommes et quatre voitures volées, en embuscade. Un véhicule lourd et usagé coince délibérément le fourgon du transporteur de fonds et le force à s’arrêter. Les assaillants l’entourent et le mitraillent, avec des AK47 et toute une collection d’armes à feu, exotiques, d’après les tests balistiques. Jusqu’à ce que les convoyeurs se rendent. S’ils refusent, des explosifs sont placés sur les portes arrière. Environ quatorze millions de rands ont été ainsi dérobés.

Les voleurs sont des fantômes, ils ne laissent aucune trace forensique utilisable. Ndabeni ne sait plus à quel saint se vouer, il subit les pressions de leur chef à tous, le colonel Mbali Kaleni.

C’est pourquoi ….

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PREMIÈRES LIGNE #139 : La moisson des innocents, Dan Waddell

PREMIÈRES LIGNE #139

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

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Le livre en cause

La moisson des innocents, Dan Waddell

Ils furent deux enfants assassins, condamnés pour avoir battu à mort un vieil homme sans défense. Deux garçons maudits qui ont purgé leur peine et se construisent une vie d’adulte sous des noms d’emprunt. Dieu sait comment, un justicier a retrouvé leur trace pour leur infliger les affres de l’enfer. L’inspecteur Foster sait que les explications se trouvent dans le village de Mackington, qui n’a jamais pardonné aux deux « petits bâtards diaboliques ». Mais la scène du crime passé est aussi celle de ses propres souvenirs, des premiers pas d’un jeune enquêteur idéaliste, dans un pays minier sortant exsangue de l’ère Thatcher. Alors qu’il replonge à contrecoeur dans cette affaire dont les conclusions lui ont laissé un goût amer, il découvre qu’une liste ultraconfidentielle de personnes protégées, vivant sous une nouvelle identité, a été volée au ministère de l’Intérieur. Y figurent le nom des deux victimes, mais aussi celui de son ami Nigel Barnes, qui lui a sauvé la vie quelques années auparavant. Face au danger imminent, le généalogiste devra se pencher sur le cas le plus complexe de sa carrière : le sien.

Dan Waddell débrouille avec une habileté machiavélique l’écheveau des souvenirs pour établir que les secrets des enfants terribles ne sont souvent, en vérité, que de terribles secrets d’enfants.

Meurtre de Kenny : deux suspects
22 juillet 1992

Deux écoliers sont actuellement entendus par les policiers chargés de l’enquête sur le meurtre ignoble dont a été victime Kenny Chester, mineur à la retraite.

Les deux enfants, âgés selon nos informations de seulement neuf et dix ans, ont été arrêtés hier soir à leur domicile respectif, quelques jours après la découverte à Dean Bank, un site isolé et pittoresque de Mackington dans le Northumberland, du corps battu et sommairement enseveli de monsieur Chester, soixante-treize ans.

The Herald connaît les noms des deux garçons mais ne les révélera pas pour préserver la sécurité de leurs familles. Ils seraient élèves d’une école primaire proche du domicile de monsieur Chester et du lieu du crime.

La nouvelle a laissé les habitants de Mackington complètement abasourdis. « Nous n’arrivons pas à croire que des membres de notre communauté aient commis une telle atrocité », nous a déclaré madame Gladys Wrenshaw, commerçante. « Tout le monde est sous le choc. Kenny était quelqu’un de bien, connu et respecté. Avoir été abattu ainsi, comme un animal, c’est ignoble. Ceux qui ont fait cela devraient craindre pour leur vie. Il y a ici des gens qui pourraient les mettre en pièces. »

Avant d’ajouter : « Et ce ne serait que justice. »

Il y a maintenant trois jours que la Grande-Bretagne a été saisie d’horreur suite à la découverte du corps de monsieur Chester, veuf, quelques heures après que sa famille a signalé sa disparition.

Le cadavre présentait de multiples blessures. L’un des inspecteurs a confié au Herald qu’il avait été victime d’une agression d’une « violence inouïe ». Selon toute vraisemblance, ses meurtriers ont ensuite essayé de dissimuler le corps en l’enterrant.

D’après une source policière, il est possible que monsieur Chester, qui a travaillé pendant quarante-huit ans aux Houillères Mackington, jusqu’à sa retraite il y a huit ans, ait été encore vivant quand on a commencé à l’ensevelir.

Un porte-parole de la police a officiellement annoncé : « Deux garçons de Mackington sont entendus dans le cadre de l’enquête. »

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PREMIÈRES LIGNE #138 : Le gibier, Nicolas Lebel

PREMIÈRES LIGNE #138

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

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Le livre en cause

Le gibier : une meute ne lâche jamais sa proie , Nicolas Lebel

Le gibier

La journée du commissaire Paul Starski commence assez mal : une prise d’otage l’attend dans un appartement parisien. Arrivé sur place avec sa coéquipière, la glaciale et pragmatique Yvonne Chen, il découvre le corps d’un flic à la dérive et celui d’un homme d’affaires sud-africain. Tous les indices accusent Chloé de Talense, une brillante biologiste. Et amour de jeunesse de Starski, qui prend l’enquête à bras-le-corps-et certainement trop à coeur -, tandis que les meurtres se multiplient. Car l’étau se resserre autour de Chloé. Elle semble être le gibier d’une chasse à courre sanglante lancée à travers la capitale.

I

Les chasses du Grand Veneur

1

Phase 2 – L’appât : pâture employée pour attirer le gibier.

André Cavicci remarqua soudain que le jour se levait, étirant un filtre bleuté et froid sur Paris. Il avait passé la nuit à marcher, puis à attendre, avait oublié les heures et les distances. Le soleil paraissait maintenant presque par surprise. On était le 5 mars et tout pouvait se jouer.

Il raccrocha et empocha son téléphone. Planté sur le trottoir désert, il inspecta la rue étroite où la fille l’avait entraîné. Un vent glacé s’engouffra entre les façades et balaya la chaussée noire de pluie. Cavicci ressentit la froidure de l’aube, un souffle piquant qui perça son trois-quarts élimé et le fit frissonner. Il tira une dernière bouffée sur son mégot de Marlboro avant de l’envoyer voleter d’une pichenette. Enfin, il sortit son arme et entra dans l’immeuble.

Il retint le battant de la porte cochère pour l’empêcher de claquer et s’immobilisa dans le hall carrelé. À l’affût, il perçut le pas mat de la fille, le rythme souple de ses talons hauts sur les marches à mesure qu’elle grimpait l’escalier. Elle devait déjà être au deuxième étage.

Cavicci passa la tête par-dessus la rampe, se tordant le cou. Il vit là-haut, dans la faible lueur électrique, la pâle menotte aux doigts grêles qui glissait sur le bois, s’élevait en cercles concentriques, et le trench-coat beige fluide et insolent qui souffletait les barreaux. À pas feutrés mais rapides, il monta 12les marches à son tour. Il ne la laisserait pas lui échapper, cette fois ; après dix-huit mois d’errements, il se retrouvait à Paris sur les traces de cette gamine d’à peine trente ans, le seul lien qui lui restait, le seul maillon entre les meurtres de Claudel à Lyon, de Birzaian à Bordeaux, et les autres… Elle était sa dernière amarre dans le réel quand tout le monde le disait fou.

Sa seule piste. Sa dernière chance. Sa rédemption.

Les talons de la jeune femme claquèrent sur le parquet du palier. Elle était au troisième étage. Cavicci accéléra. Il n’était pas question de frapper à toutes les portes pour la débusquer s’il la perdait maintenant. Il gravit les marches quatre à quatre en retenant son souffle lourd. Le tapis vert de l’escalier assourdissait son pas. Il arriva au troisième étage à l’instant où elle entrait dans un appartement au bout du couloir. Il s’approcha lentement, son poids faisant grincer les lattes anciennes. Son cœur cognait fort dans sa poitrine et dans sa gorge.

La porte était entrouverte, comme une invitation. Il déglutit, inspira fort, s’assura qu’une balle était chambrée dans le canon de son arme et poussa doucement la porte. Le timbre ténu d’une trompette ou d’un clairon jusqu’alors inaudible lui parvint, un air sautillant et chaotique. Il risqua un coup d’œil à l’intérieur et découvrit une petite entrée parquetée aux murs blancs, qui donnait sur cinq autres pièces.

— Megara ? Megara, vous m’entendez ? appela-t-il.

Le clairon, moqueur, caracola en guise de réponse.

Cavicci franchit le seuil. Surpris par la chaleur de l’appartement, il se lança, traversa l’entrée, son arme devant lui, braqua sur sa droite une cuisine vide, puis un salon, et se figea. Au bout de la pièce, dans la clarté bleutée qui s’invitait par la fenêtre, ses talons effilés plantés dans un épais tapis chinois, Megara lui faisait face, immobile comme si elle consentait enfin à se laisser regarder, le menton tendu vers lui avec arrogance. Cavicci détailla ses traits pour la première fois, ses pommettes hautes, ses lèvres charnues, ses cheveux châtains retenus en queue-de-cheval, ses yeux gris, profonds. Et froids. Quelque 13chose clochait. Son maquillage, peut-être, ou ses vêtements qui la vieillissaient, à moins qu’il ne s’agisse de ses cheveux, plus sombres que dans son souvenir. Elle semblait avoir largement dépassé la trentaine.

La femme leva la main gauche où fumait une cigarette qu’elle porta à sa bouche sans le lâcher des yeux. D’un geste lent, elle pointa la télécommande vers la chaîne stéréo et augmenta le volume. La musique lointaine devint claire. Cavicci reconnut un ensemble de cors de chasse ; il pâlit et baissa son arme malgré lui. Après des mois de traque, il l’avait localisée à Paris et l’avait suivie toute la soirée avant de la perdre encore et de la retrouver enfin. Il l’avait regardée marcher dans les rues de la ville, danser avec des inconnus, et rire jusqu’à s’oublier. En cet instant, il aurait pu se demander combien d’hommes avaient suivi cette beauté jusqu’à la mort. Il n’en eut pas le temps ; elle lui sourit.

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