L’exquis cadavre exquis, épisode 23

L’exquis cadavre exquis, épisode 23

Elle s’appelait Camille, avait la phobie de la chlorophylle et n’a rien trouvé de mieux que de se cacher dans une serre pour tenter d’échapper à son l’Assassin .

Les inspecteurs Leriot et Remini sont sur le coup mais de nombreuses questions restent encore inexpliquées

Pourquoi Max a-t-il été si troublé en apprenant la mort de Camille ? Qui envoyait à la victime de petits cercueils en bois ? Que sait la brigade financière sur cette mystérieuse affaire ?

La suite c’est vous qui l’inventez


L’exquis cadavre exquis

Exquis Cadavre Exquis. Episode 23 Frédérique sophie

Épisode 23

by Frédérique-Sophie Braize

L’idée fuse

Malgré l’enquête qui piétine, l’inspectrice Rémini est rentrée plus tôt chez elle. Son fils aîné fête ses six ans. Le gâteau préparé par Mamie avalé, Valérie lit l’histoire du soir à son gosse blotti dans sa chaleur.

            Dans un enclos, un porcelet boueux dit à une truie pleine de plis :

– Maman, je voudrais être propre comme le chat du fermier.

            – Je t’arrête, Goret ! Dans la famille, nous sommes fiers d’être sales comme des peignes.

            Alors que sa mère fouille le sol, le porcelet quitte l’enclos, traverse la ferme, saute dans l’abreuvoir. Quand il sort de l’eau, non seulement il est propre, mais en plus il est rose. Comme il a hâte de montrer cette couleur à sa maman ! Mais pour cela, il lui faut traverser la mare de boue qui entoure le bassin. Et il a beau prendre mille précautions, c’est un sale petit cochon qui revient. Il voudrait retourner se laver, mais c’est sans compter sa mère qui ne le lâche plus d’un sabot depuis sa fugue.

            –  Reste-ici, Goret. Dans la ferme, tu t’exposes à un terrible danger.

            – Lequel, Maman ?

            – Manger ou se faire manger.

            Mais le cochon ne renonce pas. Le temps passe jusqu’à ce jour où le fermier emmène la truie dans une cabane. Elle va avoir des petits. C’est le moment de filer à l’anglaise. Goret fonce jusqu’à l’abreuvoir dans lequel il se jette. La gerbe d’eau provoquée par son plongeon attire l’attention du fermier. Le cochon sort du bassin, trottine vers son maître sans réfléchir. « Je suis si propre qu’il m’invitera sûrement à loger chez lui avec le chat », pense-t-il. En voyant arriver cette promesse de jambon, l’homme salive.

Valérie interrompt sa lecture à haute voix, mais continue de lire pour elle. Elle veut vérifier que cette histoire est adaptée à son gosse, déjà déstabilisé par l’arrivée d’un petit frère.

            Le fermier assomme l’animal qui déploie cent quinze décibels de stupéfaction. Le voilà mort pour avoir entrepris sur le territoire des hommes – il n’y a pas de rose sans épines. Pendant que la truie met bas, le fermier cuisine avec les abats de Goret. Il dépose ce plat dans l’auge de la mère qui mange avec appétit. Elle remarque un porcelet au regard vif dans sa portée. « Nul doute que bientôt, celui-là me dira : Maman, je voudrais être propre comme le chat du fermier » songe-t-elle, repue.

            Valérie pose le livre que son fils a reçu en cadeau. « La mère ! se dit-elle. Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ? Laure Longchamps, la mère de Camille, bien planquée dans son HP. C’est de ce côté-là qu’il faut chercher. »

            – Maman, qu’est-ce qui arrive à Goret ?

            L’impatience de son gamin tire l’inspectrice Rémini de sa réflexion.

            – Je te le dirai une autre fois, tu veux bien ? Il est l’heure de dormir. Tu ne m’as pas dit qui t’a offert ce livre ? ajoute-t-elle en l’embrassant au coin de la tempe, là où il sent encore le bébé.

            – C’est Mamie.

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