Premières Lignes #142 : Les Sentiers de la vérité, Francis Van Gured

PREMIÈRES LIGNE #142

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

Les Sentiers de la vérité, Francis Van Gured

Le résumé : Jeune homme sans histoires, Andréa Davenport est retrouvé inanimé au beau milieu de la nuit à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris. Il ne doit son salut qu’au courage d’un témoin anonyme qui prétend avoir assisté à son lynchage. Les policiers comprennent très vite qu’il s’agit d’une exécution ratée portant la signature du Groupe Ariane. Cette mystérieuse organisation promet une série d’assassinats à travers l’Europe à des fins de déstabilisation politique. Très rapidement pourtant, celui que tout le monde considérait comme une victime se voit pointé du doigt. Les incohérences de son récit, mais aussi divers éléments compromettants ainsi qu’une effroyable vidéo apparue peu de temps après son évasion du commissariat, viennent confirmer les craintes des enquêteurs. Traqué de toutes parts, Andréa Davenport réalise qu’il est pris au piège d’un jeu qui lui échappe, et dont il ne maîtrise absolument rien, pas même les règles. L’art, l’histoire et surtout les échecs, sont au cœur des indices que lui a laissés son adversaire. Il n’aura d’autre choix, pour prouver son innocence, que de poursuivre la partie. De nombreuses vies, à commencer par la sienne, sont en jeu…

Prologue

Nanterre-Paris

Cette affaire aurait probablement connu des développements bien différents sans l’heureux concours à son commencement de Jean-Bernard Bonvoisin, ou JB pour les intimes. Capitaine de police à ses heures, il officiait au sein de la prestigieuse plateforme PHAROS, une unité basée à Nanterre qui avait pour mission de traquer les crimes et délits sur internet.

Sérieux, intègre et dévoué à sa tâche, Bonvoisin se désespérait de ne jamais avoir vécu son heure de gloire comme plusieurs de ses collègues. Il faut dire, pour comprendre son cas, qu’il est chez certains policiers des faits d’armes qui entérinent leur légende et les hissent à jamais au panthéon de leur institution.

Celui de Bonvoisin finalement s’était produit au crépuscule de son insignifiante carrière, par une froide nuit d’automne. C’est un peu avant 4 h 00 du matin, que tout avait subitement basculé, il y a quelques semaines de cela. Après une interminable veillée où toute son attention s’était focalisée sur l’écran de son ordinateur, Bonvoisin était pour ainsi dire rincé. Il s’apprêtait à quitter son poste de travail, quand les communications transitèrent par son casque. Avec sang-froid et détermination, il isola les séquences compromettantes et les enregistra, conformément à ce qu’imposait la procédure.

Au total, seize petites phrases repérées sur une célèbre messagerie cryptée, faisaient état d’une série d’enlèvements aux quatre coins du continent. Aucun lieu, aucune identité, aucune date n’étaient cités. Mais les échanges vocaux interceptés mentionnaient près d’une trentaine d’enlèvements tout de même. Il était aussi question d’enterrements, de diffusion des images, mais également de psychose et de projet politique de déstabilisation à grande échelle, afin que les citoyens prennent conscience de l’incurie de leurs forces de police et de leurs gouvernants.

 À peine les menaces étaient-elles apparues que les agents de la DGSE prenaient contact avec leurs homologues des principaux pays européens.

S’agissait-il d’extrémistes politiques d’ultra gauche de type Black Bloc ? D’ultra droite de type Bloc Identitaire ? De terroristes islamistes ? De mouvements politiques d’extrême droite opérant depuis l’étranger et désirant faire imploser l’Union Européenne ? À moins qu’il fût question de petits plaisantins souhaitant faire une mauvaise blague ? C’est précisément cette dernière hypothèse que retinrent les services de renseignements allemands.

À Paris au contraire, l’affaire fut jugée suffisamment inquiétante pour que les douze agents chargés de l’enquête reçoivent la consigne d’éviter les fuites.

Finalement, et en dépit des précautions extrêmes que prirent les autorités pour garder l’affaire secrète, celle-ci s’éventa sans que personne parvint jamais à établir l’origine de la fuite. La psychose tant redoutée s’empara rapidement de la France et des pays voisins, dans ce que médias et réseaux sociaux allaient vite appeler l’affaire Ariane, du nom qu’avait donné à l’opération le mystérieux groupe à l’origine des messages. Des semaines durant, l’actualité se nourrit à satiété de la psychose qui s’emparait des peuples d’Europe, ainsi que de la fébrilité qui menaçait de faire basculer les gouvernants de tous bords.

 Mais tandis que le vieux continent était en ébullition, c’est un second événement qui fit prendre à l’affaire une tournure décisive. Cela se produisit quelques semaines plus tard, sur le coup de 5 h 00 du matin, sous la forme d’un appel téléphonique. Le destinataire cette fois n’était pas la plateforme nanterroise PHAROS mais le commissariat de police du 5ème arrondissement de Paris.

L’auteur de l’appel expliqua d’une voix agitée ce à quoi il était en train d’assister, puis supplia les policiers d’agir au plus vite. Ce qui se passait était grave. Effroyable même. Un homme était victime d’un terrible passage à tabac. Ses bourreaux étaient nombreux et portaient de terrifiantes cagoules. Ce déferlement de violence ne laissait rien augurer de bon pour le malheureux bonhomme sur lequel pleuvaient les coups.

Le mystérieux témoin livra l’adresse où avait lieu cette terrible agression. Puis lorsque l’agent de police au standard lui demanda son identité, il raccrocha. Jamais les forces de l’ordre ne parvinrent à l’identifier.

PREMIÈRES LIGNE #105 : Dernière fenêtre sur l’aurore, David Coulon

PREMIÈRES LIGNE #105

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

Dernière fenêtre sur l’aurore David Coulon

Prologue


Un bunker.
Enfoui dans le sol, sous des kilomètres de ronces.
Je l’avais découvert il y a fort longtemps. Mais je ne m’en suis pas servi tout de suite.
En descendant dans ce bunker, on trouve un long couloir sombre. Si un rai de lumière arrive à se frayer un
chemin sous les ronces du dessus, on peut voir des tracés rougeâtres sur les murs humides. “666”.
“Satanis”. “Lilith”. Des inscriptions tachées de sang.
Une pièce, tout au fond. Avec de l’oxygène. De l’air presque pur. Une pièce. Vide.
Il suffira d’y passer quelques week-ends. Accrocher des clous suffisamment solides pour supporter le poids
d’un homme. Pour supporter des mouvements, des tentatives de fuite.
Une idée.
Qui germe comme ça. Mais quand ça germe, c’est qu’il y a des racines. Le vide, peut-être.
Penser à ce qu’on pourrait y faire. Sauter sur l’occasion, ou presque, lorsque je rencontre la fille. Aurore.
Lorsque je perds ma femme.
Longer le couloir sombre ne me fait plus peur pour les mêmes raisons. Ce ne sont plus les inscriptions
satanistes qui ralentissent ma lente progression dans le boyau. Plutôt l’odeur, au loin. Des fragrances de
merde et de mort. De la pisse, aussi. Un soupçon de sang. Une odeur aigre.
Je les ai attachés, tous les quatre. Les uns après les autres.
Tous menottés. Bracelets avec pointes. Ils sont habillés. Ils se font dessus en permanence. Ça doit coller.
Ça doit irriter. Ça doit être moite. Eczémateux.
Je leur apporte à manger tous les soirs. De la bonne chair fraîche, comme ils aiment.
Comme ils aimaient plutôt. Dans une autre vie.
Je les torture aussi, un peu. Un cutter qui tranche un téton. Qui tranche une paupière. Ils n’ont que ce
qu’ils méritent.
J’en ai tué deux.
Parfois, je me demande ce qui m’a pris.
Tu deviens fou, me disait-elle

Première partie

C’est un lit pour faire l’amour.
Un lit à une place, certes, mais un lit sensuel, attirant. Un lit où deux corps ne penseraient qu’à se serrer,
s’étreindre, jouir à n’en plus finir. Un lit aux draps orangés, légèrement dentelés, dont la corolle s’évanouit à
terre. Près de la dentelle, un mince filet de sang. C’est un lit pour faire l’amour, mais c’est un cadavre qui y
sommeille. Une jeune fille. Dix-huit ans, d’après les calculs du flic. Et d’après sa carte d’identité, trouvée
dans son sac, qui confirme ce que la mathématique visuelle avait supposé.
Un filet rougeâtre s’épanche de son cou violé par une lame tranchante. Ses lèvres n’ont pas encore bleui,
ses yeux ne sont pas encore fermés. Le crime est récent. Le corps est encore chaud. On dirait presque que la
fille rougit face à l’inspecteur. Qu’elle rougit de se montrer nue devant lui, la gorge nettement coupée, les
yeux grands ouverts, peut-être encore figés sur le visage du meurtrier.
La jeune fille est sublime. Était. Bernard Longbey a beau approcher deux doigts de sa carotide, il a beau
écouter son cœur, le verdict est irrémédiable. Elle est morte.
Les flashs crépitent derrière lui, presque au ralenti. Il n’a pas entendu ses collègues entrer. Les photos ont
commencé. Les relevés d’empreintes aussi. L’identité judiciaire est venue immédiatement. Même pas besoin
de la contacter. Le médecin légiste ne tardera pas lui non plus, emportant puis disséquant le corps.
— Qu’est-ce que tu fous là, Longbey ?
Rien d’agressif dans cette voix. Bernard a l’habitude qu’on lui pose la même question depuis des mois.
Qu’est-ce que tu fais ici, t’es pas de service. Il se retourne, détachant ses yeux des minces poignets de la fille.
Pat est face à lui. Patrick Bellec, jeune flic aussi ambitieux que beau gosse. La trentaine, brun, une force de la
nature. Tout le contraire de Bernard, en apparence tout du moins. Bernard a trente-cinq ans à peine, mais il
est décrépit. Sale. Vieux. Au bout du rouleau.
— J’ai entendu l’appel radio. J’étais à côté. Je suis venu.
— T’arrives toujours pas à dormir ?
— Comme tu vois…
— Tu la connais ?
Un temps d’arrêt. Réfléchir. Regarder les yeux de la fille. Des yeux trop bleus.
— Non, jamais vue. Tu sais qui c’est ?
— Jernin est en train d’interroger le concierge. Pour l’instant, on sait juste qu’elle s’appelle Aurore
Boischel. 18 ans et quelques. Étudiante, bien sûr.
— Bien sûr ?
— T’as pas vu où on est ? Résidence Les Magnolias. Un truc réservé aux étudiants. Des studios à cinq
cents euros. Autant dire que les charmants bambins qui viennent ici ne sont pas des fils de prolos. T’as fait le
tour du propriétaire ?
— Non, je viens d’arriver.
Deux policiers sont postés à l’entrée du studio, empêchant les autres étudiants de pénétrer dans la chambre.

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