PREMIÈRES LIGNES #159
Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.
Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.
Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !
Et merci à Aurélia pour ce challenge.
Le livre en cause
Précipice, Céline Denjean
– 1 –
La situation n’était pas normale
Anthony Lopez amorça la descente, buste penché vers l’avant pour prendre un maximum de vitesse et limiter sa prise au vent. Parvenu en bas, il maintint sa position, accéléra jusqu’à la butée et pria pour que son élan suffise, mais, comme chaque fois, sa mobylette commença à ralentir à mi-côte, tandis que le moteur poussif menaçait de s’étouffer. Anthony se mit alors à pédaler pour aider la vieille bécane dans son ascension. Livrer Mme Ducuing n’avait rien d’une promenade de santé, pourtant les deux frères Lopez, qui aidaient leur père les vendredis et samedis – uniques soirs de livraison de la pizzeria familiale –, se disputaient systématiquement pour obtenir la course : la cliente était généreuse en pourboires.
Anthony redoubla d’efforts en ahanant sous son casque et parvint en haut. L’adolescent se rassit, satisfait – le plus dur était désormais derrière lui. Il parcourut un kilomètre supplémentaire sur la départementale avant de bifurquer sur une étroite route forestière truffée de nids-de-poule et que les arbres semblaient engloutir. Une minute plus tard, la maison de Valériane Ducuing se découpait loin devant, au cœur d’une clairière. Une fois encore, Anthony songea qu’il fallait être complètement barge pour vivre en plein bois, coupé du monde, avec un débit wifi qui ne devait guère excéder un mégaoctet et un réseau mobile limité à une barre les jours de beau temps. Aux yeux de l’adolescent, cette cliente était un être bizarre : à son mode de vie solitaire s’ajoutaient un look gothique digne de Marilyn Manson et une incompréhensible prodigalité – personne ne donnait jamais un pourboire de dix euros pour la livraison d’une pizza qui en coûtait douze… À l’approche de la fermette, l’adolescent repéra une voiture bleu métallisé stationnée dans un petit renfoncement en bordure du chemin.
Il gara sa mobylette à côté de la Twingo de Mme Ducuing, retira son casque – c’était plus correct vis-à-vis des clients, notamment les réguliers –, puis il se dépêcha d’ouvrir le petit coffre en plastique où reposait la pizza Dolce Vita, spécialité de la Maison Lopez. Il prit conscience que quelque chose clochait au moment où il posa le pied sur la première des trois marches du perron.
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Je serais curieuse de lire la suite 🙂
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Oh Ho, Alors c’est que l’auteur a réussi son coup ! hihi 😁😂
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