Premières Lignes #160 : Le cercle de Farthing, Jo Walton

PREMIÈRES LIGNES #160

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

Le cercle de Farthing, Jo Walton

Ce roman est dédié à tous ceux qui se sont un jour penchés sur une monstruosité de l’Histoire avec la tranquille satisfaction d’être horrifiés tout en sachant exactement ce qui allait arriver, un peu comme si, après avoir examiné un dragon sur la table de dissection, ils se retournaient pour découvrir dans leur dos ses descendants, bien vivants et prêts à mordre.

1

Tout a commencé quand David est revenu du parc dans une fureur noire. Nous séjournions à Farthing à l’occasion d’un des épouvantables raouts politiques de Mère. Si nous avions trouvé un moyen de nous y dérober, nous serions allés n’importe où ailleurs, mais Mère n’avait rien voulu entendre et nous étions donc là, lui en jaquette et moi en petite robe Chanel beige, dans mon ancienne chambre de jeune fille à laquelle j’avais été si soulagée de dire adieu quand j’avais épousé David.

Il a fait irruption, prenant déjà son souffle pour parler. « Lucy, lady Thirkie pense que tu devrais me renvoyer ! »

Je n’ai pas tout de suite vu qu’il était fou de colère, parce que j’étais occupée à essayer de faire tenir mon chignon sur ma tête sans déranger mes perles. En fait, si mes cheveux avaient été moins récalcitrants, cela ne serait jamais arrivé, car je serais descendue avec David, et Angela n’aurait pas eu l’occasion de faire une réflexion aussi stupide. Quoi qu’il en soit, j’ai d’abord trouvé ça si drôle que je m’en suis littéralement étranglée de rire. « Chéri, on ne peut pas renvoyer son mari comme ça, non ? Il faudrait divorcer. Qu’as-tu fait pour qu’Angela Thirkie y voie une cause de divorce ?

— Apparemment, elle m’a pris pour un des extras », a-t-il dit en passant derrière moi et, quand je l’ai vu dans le miroir, j’ai compris aussitôt qu’il n’était pas le moins du monde amusé et que je n’aurais pas dû rire. En fait, c’était sans doute la pire des choses à faire en la circonstance, du moins pas sans l’avoir d’abord amené à percevoir le comique de la situation.

— Oh non, chéri, tu es superbe, ai-je dit automatiquement pour le rassurer, même si c’était vrai. Angela est une bécasse, vraiment. Ne lui as-tu pas été présenté ?

— Si, à une des réceptions de fiançailles, et aussi au mariage, a-t-il répondu avec un sourire encore plus crispé. Mais nous nous ressemblons certainement tous à ses yeux.

— Oh, chéri ! » me suis-je écriée, et je lui ai tendu les bras, laissant s’écrouler mes cheveux, parce qu’il n’y avait rien que je puisse dire… Il avait raison et nous le savions tous les deux. « Je vais descendre avec toi et nous allons la remettre à sa place.

— Je ne devrais pas prêter attention à ce genre de choses, a-t-il dit en me prenant les mains et en baissant les yeux vers moi. Sauf que tu en pâtis. Il aurait été beaucoup plus confortable pour toi d’épouser quelqu’un de ton monde. »

C’était vrai, bien sûr, il y a un certain confort à se trouver en compagnie de gens qui pensent exactement comme vous parce qu’ils ont reçu la même éducation et rient des mêmes plaisanteries. Mais c’est un piètre confort et il ne dure guère une fois que vous avez découvert n’avoir en réalité rien de commun avec eux, sinon le même milieu. « On ne se marie pas pour le confort », ai-je dit. Puis, comme d’habitude avec les gens en qui j’ai confiance, j’ai laissé s’emballer le fil de mes idées. « À moins que ce n’ait été le cas pour Mère. Ça expliquerait bien des choses. » Je me suis couvert la bouche de la main pour contenir un rire horrifié, et aussi pour essayer de rattraper le train de pensées qui m’avait échappé. C’était ma vieille gouvernante, Abby, qui lui avait donné ce nom et m’avait appris à avoir ce réflexe. C’est utile en cas de gaffe, du moins si je réagis assez vite, mais Mère m’a aussi maintes fois reproché de porter ma main à ma bouche plus qu’il n’est convenable pour une lady !

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

• Lady Butterfly & Co
• Cœur d’encre
• Ladiescolocblog
• À vos crimes
• Ju lit les mots
• Voyages de K
• Les paravers de Millina
• 4e de couverture
• Les livres de Rose
• Mots et pelotes
• Miss Biblio Addict !!
• La magie des livres
• Elo Dit
• Zoé prend la plume
• Sauce Ririline

Auteur : Collectif Polar : chronique de nuit

Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

24 réflexions sur « Premières Lignes #160 : Le cercle de Farthing, Jo Walton »

  1. Quel début surprenant ! Cela fait longtemps que je souhaite lire « Le cercle de Farthing » et je ne me serais jamais attendue à un tel début (mais à quoi me serais-je attendue ? Mystère). Il va vraiment falloir que j’achète le tome 1 (ou que j’attende Noël pour que l’on me l’offre – j’adore Jo Walton).

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