Premières lignes #193 : Un arrière-goût amer, Raphaël Guillet

PREMIÈRES LIGNES #193

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

Un arrière-goût amer, Raphaël Guillet

Chapitre 1

Le chat semblait pleurer et le vieil homme baissa la tête pour en avoir le cœur net. Non, les yeux verts du félin étaient secs, le chat ne pleurait pas, il avait peur. Comme s’il comprenait.

–Ça va, mon Minou ? Je suis désolé de t’avoir injecté ce truc-là.

Il l’appelait Minou parce qu’il ne connaissait pas son nom. Aucune puce électronique ni collier d’identification. Poil blanc et roux. Trouvé sur le bord de la route, ­légèrement blessé à une patte. Un chat probablement abandonné comme la plupart de ceux qu’il avait déjà recueillis.

Minou tenta de se relever mais c’était au-dessus de ses forces. Il ouvrit la bouche pour miauler sans y parvenir non plus. Le liquide agissait dans son corps et la peur s’intensifiait dans ses yeux. Que pouvait-il bien comprendre ? La signification du mot Nembutal sur l’étiquette du flacon ? Le chat l’avait pris pour un jouet et s’était laissé faire lorsque le vieil homme lui avait piqué le foie avec sa seringue.

Je déteste faire ça mais il le faut, pensa-t-il en essayant de se changer les idées. Peine perdue. On vous vend toutes sortes de merdes sur internet alors il faut vérifier. Ce n’est pas le chat qui pleurait, c’était lui. Il chialait sur notre destinée à tous. Pourquoi la vie était-elle aussi mal foutue avec la jeunesse, la vigueur, la beauté au début puis le déclin, la décrépitude et la honte à la fin ? Pour quelle raison n’y avait-il pas de happy end comme au cinéma ? La mort au bout, d’accord, mais avec calme et dignité. Kopfertami, jura-t-il intérieurement dans sa langue maternelle.

Il revint vers Minou, dont les paupières s’étaient refermées, plongé qu’il était dans un sommeil irréversible. Il étoufferait d’ici peu sans même s’en rendre compte. Son cœur battait encore. Le vieil homme le caressa entre les deux oreilles comme pour l’aider à partir. Le petit chat était dans le coma. Son cerveau fonctionnait-il encore ? Revoyait-il les images de sa courte vie ? Les premières courses dans l’herbe. Les croquettes ou la baballe que lui lançaient les enfants de sa famille d’accueil. Qui sait à quoi pense un chat aux portes de la mort ?

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

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• Cœur d’encre
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