Première Lignes #181 : Le sang de nos ennemis, Gérard Lecas

PREMIÈRES LIGNES #181

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

Prologue

  1. La guerre d’Algérie tire à sa fin. En octobre 61, les autorités françaises ont jeté avec les représentants du gouvernement provisoire algérien les bases de ce qui aboutira aux accords d’Évian, scellant l’indépendance du pays à travers des
    référendums dont l’issue était jouée d’avance. Les Français d’Algérie se sentaient trahis par de Gaulle depuis son discours de septembre 59 où il avait évoqué pour la première fois l’autodétermination du territoire. En janvier 61, des inconditionnels de l’Algérie française, civils et militaires, vont fonder
    l’Organisation de l’Armée Secrète, dirigée par Jean-Jacques Susini. Durant dix-huit mois, l’OAS va commettre attentat sur attentat, visant aussi bien les populations musulmanes que les Français supposés favorables à l’indépendance, finissant par massacrer aveuglément leurs victimes, entravant ainsi le projet des gaullistes de se débarrasser de l’Algérie. Mais rien n’y fera, à partir d’avril 62 débutera l’exode de ceux qu’on appelle les pieds-noirs, deux millions de personnes fuyant l’Algérie pour retrouver la France qui vient de les rejeter. Marseille. C’est là que débarquent des centaines de milliers de réfugiés. L’accueil de la ville, d’abord compatissant, tourne vite à l’hostilité. La mairie est tenue par Gaston Defferre, auréolé de sa gloire de résistant. Dans la Résistance se sont côtoyés des gens aux origines diverses, un certain
    nombre de militants, de l’extrême gauche à l’extrême droite, qui connaîtront parfois des destins contraires après la guerre, certains policiers, d’autres truands, d’autres encore hommes politiques. Beaucoup retournant prestement leur veste au gré des opportunités.
    Le futur maire de Marseille, lui, avait fréquenté entre autres les frères Guerini, qui à la Libération vont faire main basse sur la cité et tous ses fructueux trafics, jeux, prostitution et enfin drogue grâce à la montée en puissance progressive de la French Connection : la morphine-base importée d’Extrême-Orient est raffinée dans les labos marseillais, « les meilleurs du monde », puis l’héroïne est réexpédiée aux États-Unis. Les Guerini, qui fournissent un soutien logistique à Defferre pour ses campagnes électorales, obtiennent en échange une tolérance pour leurs activités. Toute la chaîne politico-judiciaro-policière est plus ou moins impliquée dans le système.
    La prise du pouvoir par de Gaulle en 1958 va modifier la donne. Deux ans plus tard apparaît le Service d’Action Civique, fondé en 1960 à partir du service d’ordre du RPF, le parti créé par de Gaulle en 1947, dont les membres s’étaient
    toujours violemment opposés aux militants communistes.
    Il est dirigé par des anciens d’extrême droite, notamment Paul Comiti, sous l’égide de Jacques Foccart, un curieux personnage, gaulliste « historique », issu lui aussi de la Résistance et qui sera un des artisans de la création des services secrets français après la guerre avant de devenir par la suite l’homme de la « Françafrique ». Soldat de l’ombre, il avait la main sur toutes les activités occultes du régime, et le SAC aura le statut étrange de police parallèle quasiment officielle. Parmi ses membres fondateurs, on comptera Pierre Lemarchand, ancien résistant lui aussi (et qui sera impliqué dans l’affaire
    Ben Barka), ainsi que Dominique Ponchardier qui deviendra, ironie de l’histoire, un des auteurs piliers de la Série noire sous le pseudonyme d’Antoine Dominique. Le SAC, très actif dans la région de Marseille, n’hésitera pas à recruter dans la pègre locale une partie de ceux qu’on a surnommés les
    « barbouzes », pour aller à Alger éliminer l’OAS, opération qui sera un fiasco. Le mouvement continuera d’entretenir des liens serrés avec le milieu marseillais. Jusqu’à quel point, on ne le saura jamais, ses archives ayant été détruites au moment de sa dissolution en 1982…

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

• Lady Butterfly & Co
• Cœur d’encre
• Ladiescolocblog
• À vos crimes
• Ju lit les mots
• Voyages de K
• Les paravers de Millina
• 4e de couverture
• Les livres de Rose
• Mots et pelotes
• Miss Biblio Addict !!
• La magie des livres
• Elo Dit
• Zoé prend la plume
• Sauce Ririline
• Light and Smell

• Le parfum des mots
• Chatperlipopette
• L’autodidacte aux mille livres