Six fourmis blanches de Sandrine Collette : la puissance et la subtilité d’un très beau texte.
Le livre : Six fourmis blanches de Sandrine Collette. Paru le 22 janvier 2015 chez Denoël ; Sueurs froides. 19,90 € ; (300 p.) ; 23 x 16 cm
4e de couv : Six fourmis blanches
Le mal rôde toujours dans ces montagnes maudites. Parviendront-ils à lui échapper ?
Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle en le contemplant.
À des kilomètres de là, partie pour trois jours de trek intense, Lou contemple les silhouettes qui marchent devant elle, ployées par l’effort. Leur cordée a l’air si fragile dans ce paysage vertigineux. On dirait six fourmis blanches…
Lou l’ignore encore, mais dès demain ils ne seront plus que cinq. Égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de leur compagnon, c’est pour leur propre survie qu’ils vont devoir lutter.
Extrait 1 : Quelle horrible impression, celle de nos propres limites: jamais, dans la vie ordinaire, nous n’avons besoin d’aller aux frontières de ce dont nous sommes capables, à l’extrême de nos forces. Le sentiment d’arriver au bout nous est étranger. Nous nous croyons invincibles, quand nous n’avons simplement pas à utiliser nos réserves. Nous sommes des protégés, des assistés qui s’ignorent. Des faibles. (..) Devant l’immensité des éléments, dans des situations extrêmes, nous ne sommes plus rien.
Extrait 2 : Et je vois se lever dans ses entrailles les brûlures du mal, qui donne à son visage épais des reflets dangereux, des rictus incontrôlables. Cette force qui gronde en lui, c’est celle du diable, qui grandit, qui pousse les parois, et le déforme et le dévore. Sa silhouette trop grande et tordue, musculeuse, ses gestes hachés, son regard de possédé ; tout souligne la métamorphose hideuse de ce gamin qui se croit investi du don de Dieu, et qui vomit à chaque mot les démons qui l’habitent.