PREMIÈRES LIGNE # 102 : La petite ritournelle de l’horreur, Cécile Cabanac

PREMIÈRES LIGNE #102

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

La petite ritournelle de l’horreur, Cécile Cabanac

Derrière les murs se cachent les plus sombres des secrets…
Un appel au cœur de la nuit. Des gyrophares qui tournoient dans l’obscurité. Une vieille bâtisse à l’abandon. Quand la commandant Virginie Sevran arrive sur les lieux, les techniciens de l’identité judiciaire sont déjà à l’œuvre à l’intérieur. Ils font face à l’insoutenable. À la noirceur de l’âme humaine. Au cadavre d’une gamine dissimulé derrière une cloison que le nouveau propriétaire tentait d’abattre.
Là, au milieu de la campagne francilienne, le silence est oppressant. L’angoisse monte. Et, bientôt, les murs confient deux autres corps aux policiers. Deux autres enfants… Rapidement, la sidération laisse place à une enquête éprouvante. Certainement la plus sordide de toutes celles auxquelles la commandant et son binôme, Pierre Biolet, ont été confrontés durant leurs carrières. Une seule certitude, personne ne ressortira indemne de cette affaire…


Pio Achenza

La vieille bâtisse rongée par le salpêtre fut arrachée à l’obscurité par les phares d’une Opel Corsa en fin de course. De ses yeux rougis de fatigue, le nouveau propriétaire l’observa, les mains toujours sur le volant, en pensant aux mois d’efforts et de sacrifices qu’il faudrait encore avant d’y habiter. Puis il se saisit du sandwich et de la canette de bière posés sur le siège passager, sortit de son véhicule et pénétra dans la maison ouverte aux quatre vents.

Sans porter la moindre attention aux pièces du rez-de-chaussée, Pio Achenza grimpa l’escalier pour se diriger vers une des chambres de l’étage. Là, il alluma un projecteur de chantier, quitta sa lourde parka kaki. D’un geste brusque, il la jeta sur une chaise en osier éventrée qui vacilla sous son poids, puis remonta les manches de sa chemise à carreaux jusqu’aux coudes, faisant apparaître deux bras puissants parcourus de veines saillantes. Il fit un tour sur lui-même, mit en marche un petit poste de radio, se saisit d’une masse. Après une profonde inspiration, la démolition du mur commença.

Les mots de sa femme résonnaient encore en lui. Elle lui avait enjoint de se consacrer au chantier pour que la famille s’installe au plus vite dans cette masure isolée qu’ils venaient d’acheter pour une somme dérisoire. Avec trois enfants et un quatrième en route, leur appartement était devenu vraiment trop petit. Et l’ambiance à la maison, électrique.

En réalité, il se serait bien passé d’une nouvelle bouche à nourrir, mais Maria avait refusé toute discussion quant aux options qui s’offraient à eux : « Bien obligés de faire avec ! » L’air maussade avec lequel elle avait assené ça lui avait laissé un goût amer qu’il espéra atténuer grâce à une rasade de bière. Il culpabilisait à l’idée que l’annonce de cette grossesse ait pu l’attrister, et, en donnant de vifs coups dans la cloison qui se fendillait déjà, il prit conscience qu’il était en colère. Une rogne sèche. Piquante. Dont les remous profonds le faisaient redoubler de vigueur.

Il tapait de plus en plus violemment pendant que Maria occupait toutes ses pensées. Des râles rauques s’échappaient de sa gorge tandis qu’il concentrait toute son énergie dans sa masse. Une large fissure courut dans le plâtre, puis un morceau de brique tomba au sol dans un nuage de poussière. À bout de souffle, il s’interrompit un instant. Au fond, ce n’était pas sa femme et son sale caractère qui créaient son trouble. C’était le chemin que prenait sa vie. Cette trajectoire impossible à maîtriser. Il était inquiet.

Subitement, la journée de boulot pesait sur ses bras. Il aurait peut-être pu reporter les travaux au lendemain, après tout, on n’était plus à un jour près. Maria serait déçue du retard pris, mais il avait désormais l’habitude de ses reproches incessants. Pio chancelait de fatigue en observant le mur ; d’ailleurs, sa vue se brouillait. Plusieurs fois il cligna des yeux, tant il lui semblait que l’espace autour de lui ondulait.

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Auteur : Collectif Polar : chronique de nuit

Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.