W3 – Le Sourire des pendus de Jérôme Camut et Nathalie Hug

W3 - Le Sourire des pendus de Jérôme Camut et Nathalie Hug

W3 – Le Sourire des pendus  – Jérôme Camut et Nathalie Hug. Paru le 15 mai 2013 chez Telemaque collection Thriller. 21€, (750 p.) ; 22 x 15 cm

 Réédité au livre de poche le 28 mai 2014. 9,10€ ; (883 p.) ; 18 x 11 cm

Extrait : 
– Tu imagines un peu le tableau? râla-t-elle. Il fait beau, c’est le mois de juin et pendant que je le jeune se baigne, monsieur ressert un Ricard à madame qui bouquine du Tabachnik, et puis non, finalement, l’eau de la piscine est trop froide, le Ricard dégueulasse et le livre trop glauque, alors ils changent d’idées et vont se pendre dans le salon? Ça ne tient pas la route.

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Le sourire des pendus

Lara Mendès, jeune chroniqueuse télé, enquête sur le marché du sexe et ses déviances. Elle disparaît sur un parking d’autoroute…

Désemparés par la lenteur de l’enquête, ses proches reçoivent le soutien de Léon Castel, fondateur d’une association de victimes.

Sa fille Sookie, policière hors norme, a enquêté sur une triple pendaison qui semble liée à cette affaire.

Qui a enlevé Lara ? Pourquoi ? Où sont passés ces enfants et ces jeunes femmes dont les portraits s’affichent depuis des mois, parfois des années, sur les murs des gares et des commissariats ? Réseaux criminels ou tueurs isolés ?

Partout, le destin d’innocents est broyé sans pitié. Ils auront bientôt une voix : W3.

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 Les auteurs :
 Il y a Jérôme Camut, il y a Nathalie Hug, et il y a l’entité CamHug.
Jérôme Camut est un auteur de fantasy et fantastique. Il est né à : Rueil-Malmaison (Ile-de-France) , le 10/09/1968. Nathalie Hug, née à Nancy en 1970, n écrivain et scénariste français. Depuis 2004, elle écrit en solo et en association avec Jérôme Camut.
 Extrait
 : « … souviens-toi que dans le monde, plus de 40 millions de gosses sont prostitués, et calcule le nombre de cinglés de clients que ça fait ! L’offre et la demande, tu connais, non ? »
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tc3a9lc3a9chargement-20Nathalie Hug et Jérôme Camut sont les auteurs de la tétralogie : Prédation, Stigmate, Instinct et Rémanence. Avec W3 et sa galerie de personnages radicalement originaux, ils appuient une fois encore là où ça fait mal, proposant un type de thriller inattendu et inédit.

 Un Camhug comme on les aime.

Le sourire des pendus est le premier opus de la trilogie W3. Ce titre m’a tout de suite fait penser « au rire du pendu » . Ce sourire prononcé d’une personne lorsqu’elle est dans une situation dramatique.Quand elle est dans la dénégation de celle ci ou encore quand elle cherche à dédramatiser la réalité. Je me suis dit : whaou, cela promet. C’est ainsi que j’ai débuté la lecture de ce pavé de 750 pages .J’ai lu les 500 premières pages d’une traite, sans discontinuité. J’ai été happée par cette intrigue complexes. L’histoire est construite autour de plusieurs intrigues qui s’entremêlent. tc3a9lc3a9chargement-21Avec ce titre, les Camhug retrouve la puissance évocatrice de leurs premiers romans qui a fait leur succès. Leur force narrative, l’énergie qui émane de chaque chapitre court, leur styles vif et concis, leur écriture au cordeau, ciselée au scalpel, nous entraînent sur un rythme effrénés dans cette histoire haletante et passionnante. J’ai aussi aimé la galerie de personnages qui nous été présentés, tous mieux campés les uns que les autres. On n’en retrouve même quelques uns qui arrivent tout droit de leur précédents romans. Un clin d’œil fort sympathique des auteurs. Et puis j’ai ralenti le rythme de ma lecture. J’ai d’ailleurs lu les 150 dernières pages au rythme d’un escargot. J’avais pas envie de quitter trop vite les héros ou devrais je dire victimes de cette histoire. Car c’est là la vrai originalité de ce polar. Ses héros sont toutes des victimes ou des proches de ces victimes. C’est leur point de vue que nous offrent les auteurs. Et à travers le parcourt de ses anti-héros, Jérôme et Nathalie nous offrent une photographie instantanée de notre société actuelle. Une société souvent à la dérive où pouvoir et argent ont force de loi. Si le thème principale de cette histoire est la prostitution, le marché du sexe et ses déviances, elle posent aussi un œil critique sur notre société à travers la justice et les médias, l’injustice et la désinformation. Nous étions prévenus : « Partout, le destin d’innocents est broyé sans pitié. Ils auront bientôt une voix : W3 »

Pour lire le début c’est iciw3_ldp_webw3_2

 Bientôt je vous parle du 2e tome ! Attention encore plus fort !

Six fourmis blanches de Sandrine Collette

Six fourmis blanches de Sandrine Collette : la puissance et la subtilité d’un très beau texte.


9782207124369,0-2479832Le livre : Six fourmis blanches de Sandrine Collette. 
Paru le 22 janvier 2015 chez Denoël ; Sueurs froides. 19,90 € ; (300 p.) ; 23 x 16 cm

4e de couv : Six fourmis blanches

Le mal rôde toujours dans ces montagnes maudites. Parviendront-ils à lui échapper ?

Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle en le contemplant.

À des kilomètres de là, partie pour trois jours de trek intense, Lou contemple les silhouettes qui marchent devant elle, ployées par l’effort. Leur cordée a l’air si fragile dans ce paysage vertigineux. On dirait six fourmis blanches…

Lou l’ignore encore, mais dès demain ils ne seront plus que cinq. Égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de leur compagnon, c’est pour leur propre survie qu’ils vont devoir lutter.

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Extrait 1 : Quelle horrible impression, celle de nos propres limites: jamais, dans la vie ordinaire, nous n’avons besoin d’aller aux frontières de ce dont nous sommes capables, à l’extrême de nos forces. Le sentiment d’arriver au bout nous est étranger. Nous nous croyons invincibles, quand nous n’avons simplement pas à utiliser nos réserves. Nous sommes des protégés, des assistés qui s’ignorent. Des faibles. (..) Devant l’immensité des éléments, dans des situations extrêmes, nous ne sommes plus rien.
Extrait 2 : Et je vois se lever dans ses entrailles les brûlures du mal, qui donne à son visage épais des reflets dangereux, des rictus incontrôlables. Cette force qui gronde en lui, c’est celle du diable, qui grandit, qui pousse les parois, et le déforme et le dévore. Sa silhouette trop grande et tordue, musculeuse, ses gestes hachés, son regard de possédé ; tout souligne la métamorphose hideuse de ce gamin qui se croit investi du don de Dieu, et qui vomit à chaque mot les démons qui l’habitent.


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L’auteur : Sandrine Collette est née en 1970. Elle partage sa vie entre l’écriture et ses chevaux dans le Morvan. Des noeuds d’acier, son premier roman, paru chez Denoël en 2013, a rencontré un vif succès critique et public. Il a reçu le Grand Prix de Littérature policière.

Résumé et petit avis :

Six fourmis blanches de Sandrine Collette : la puissance et la subtilité d’un très beau texte.

Lou est partie pour trois jours en trek en montagne en Albanie, avec son 750_dsc04309 (large)_vignettecompagnon Elias, et trois autres personnes ayant comme eux gagné ce séjour. Mais l’un d’entre eux meurt et ils se perdent dans une tempête. Mathias, lui est le  » sacrificateur  » de sa vallée. Une vallée sauvage, reculée, où les superstitions ont la vie dure, comme l’ai la vie des habitants de ces contrées. Une vie rythmée par les saisons en montagne et son climat rude. Et l’on va suivre tout au long de ces 300 pages, Lou et Mathias qui devront composer leur vie avec cette montagne, belle, majestueuse mais parfois dangereuse et inhospitalière. Et en suivant ces chapitres alternés, nous allons nous aussi être pris au piège de la beauté et de grandeur que ce lieu qui sait se faire féerique et Montagne-chien-couche-agneaudiabolique à la fois.

Alors…Que dire de Sandrine Collette, si ce n’est que cette femme est un génie. Une fois encore elle nous emporte avec son écriture tout en finesse, avec sa puissance d’évocation.    Elle nous embarque tranquillement, d’abord. Elle prends son temps, on se laisse bercer par la beauté de la nature par sa force, par sa magie. Et puis, ça s’accélère. Car on le sait, à tout moment, tout peut basculer chez Sandrine Collette. Et là c’est encore plus fort et on se laisse emporter. Superbe, sublime.

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Pour lire les première page c’est ici

L’homme qui en savait trop de Laurent Alexandre et David Angevin : chapitre 6

Suite et fin de nos lectures de L’homme qui en savait trop de Laurent Alexandre et David Angevin.

Ce chapitre 6 clôt notre immersion dans ce fabuleux bouquin.

L'homme qui en savait trop

Alan Turing, mathématicien anglais est considéré comme le fondateur de l’informatique.
Mathématicien et logicien anglais, Alan Turing (1912-1954) est célèbre pour avoir déchiffré les messages codés allemands pendant la Seconde Guerre mondiale (opération Enigma). Il a, selon Churchill, sauvé l’Angleterre. Père de l’informatique et de l’intelligence artificielle, il s’intéressa également au rapport entre la biologie et la logique.
Histoire stupéfiante du père de l’informatique, condamné au secret pour ses travaux dans les services secrets et pour son homosexualité.

Bon allez je vous laisse découvrir ce sixième chapitre

6.

Le lieutenant O’Ryan alluma une nouvelle cigarette pour tuer le temps. Il attendait depuis une heure devant la porte d’un colonel des services secrets britanniques. Sa formation était achevée. Il avait subi trois semaines d’entraînement physique avec des centaines d’autres hommes triés sur le volet. On l’avait jaugé, évalué psychologiquement, testé sous toutes les coutures dans un camp militaire isolé au fin fond du Yorkshire. Il avait été jugé apte à rejoindre le MI6, la branche du SIS (Secret Intelligence Service) chargée des activités d’espionnage à l’extérieur du pays. Terminé la surveillance des cocos à la sortie des usines de Liverpool et de Manchester, fini l’interception du courrier, les intrusions chez les particuliers et les interrogatoires de sous-fifres. Dans quelques jours, il serait nommé capitaine, assigné au MI6. John O’Ryan allait voir du pays au service de Sa Majesté.

La porte du bureau s’ouvrit enfin. Un jeune soldat le conduisit jusqu’au bureau du colonel Duncan.

— Le lieutenant O’Ryan, mon colonel, gueula-t-il.

O’Ryan se mit au garde-à-vous devant le bureau du militaire, un grand type sec aux cheveux blancs, plongé dans la lecture d’un rapport.

— Le ministre français de l’Intérieur vient de déclarer : « Le communisme, voilà l’ennemi », dit Duncan sans lever la tête de son rapport. D’ordinaire j’exècre les Français, mais il faut admettre que c’est bien envoyé ! Qu’en pensez-vous, O’Brian ?

— O’Ryan, mon colonel.

Le colonel releva les yeux et le dévisagea comme on observe un demeuré.

— Qu’est-ce que vous faites debout ? Asseyez-vous, nom de Dieu, vous n’êtes plus un troufion…

— Merci, mon colonel.

Duncan alluma une pipe et se leva pour se servir une tasse de thé.

— Un darjeeling, O’Ryan ?

— Avec plaisir, mon colonel.

— Je l’ai rapporté moi-même du Bengale-Occidental, c’est un nectar qui a poussé en altitude, sur les contreforts de l’Himalaya.

Il porta la tasse en porcelaine à ses lèvres. Les arômes musqués du thé noir lui procurèrent un bien-être immédiat.

— Une merveille, en effet, mon colonel.

— Quelle différence faites-vous entre les communistes, les socialistes, les bolcheviks, les trotskistes, les anarchistes ?

— Il s’agit de métastases du même cancer installé à Moscou, mon colonel.

Duncan esquissa un sourire.

— Vous me plaisez, O’Ryan ! J’ai lu votre dossier, et j’ai été impressionné par vos états de service. C’est grâce à des hommes comme vous que notre grand pays échappera à la contagion révolutionnaire.

— Merci, mon colonel.

— Je vous ai choisi pour intégrer une section, disons, particulière du SIS. Une section qui requiert des aptitudes que peu d’agents possèdent, à savoir la discrétion d’un caméléon, la fidélité absolue au pays, la haine des rouges, et l’absence totale de scrupules. Vous possédez bien toutes ces qualités, O’Ryan ?

— Je le crois, mon colonel.

— Les membres de ma section n’ont pas de place ni de temps pour une vie de famille. C’est une vie solitaire, et votre main droite sera le plus souvent votre unique fiancée. Un problème avec ça ?

— Non, mon colonel.

— Vous combattrez le fléau communiste à la source, partout où il prolifère, aussi bien en Europe qu’en Asie. Stopper le mal par tous les moyens avant qu’il ne soit trop tard, voilà la priorité de l’ensemble des gouvernements démocratiques. Il s’agit d’une épidémie planétaire qui réclame une guerre anticommuniste globale, et donc une collaboration efficace. Le SIS travaille main dans la main avec les services secrets des autres pays.

— Y compris l’Allemagne, mon colonel ?

— Les Allemands sont des détraqués, O’Ryan. Mais nous préférons un anticommuniste comme Hitler qu’une dictature du prolétariat. Ce serait un moindre mal. Si les nazis accèdent au pouvoir, ce qui est souhaitable, l’Allemagne formera une digue qui empêchera l’Europe de sombrer dans le chaos.

— Sans doute, mon colonel.

— Vous embarquez dans deux jours à Southampton pour l’Amérique, reprit Duncan en allant ouvrir la fenêtre. J’entretiens d’excellentes relations avec M. John Edgar Hoover, le directeur du Federal Bureau of Investigation, une agence américaine de renseignements très performante avec laquelle nous collaborons étroitement.

Duncan ralluma sa pipe et observa le paysage. Des soldats couraient au loin en crachant des petits nuages de vapeur. O’Ryan s’autorisa à allumer une cigarette.

— Vous verrez, Hoover déteste les communistes, reprit Duncan en refermant la fenêtre. Plus encore que les fameux gangsters de Chicago ! Nous avons beaucoup à apprendre des nouvelles méthodes américaines. Observez, O’Ryan, nouez des contacts avec nos amis yankees. Et rapportez-moi une caisse de chocolat au lait Hershey’s, ma femme adore ça.

— Vous pouvez compter sur moi, mon colonel.

— Une dernière chose… Officiellement, vous n’existez pas. À partir de cet instant, je ne sais même plus qui vous êtes…

 

Voilà l’histoire est close.

J’espère que ces lectures des premiers chapitres vous aura envie de poursuivre celle-ci.

Aussi…

Si vous le souhaitez vous pourrez connaître ICI mon petit avis sur ce titre sur le blog Collectif Polar