Premières Lignes #153, Parasite, Sylvain Forge

PREMIÈRES LIGNES #153

Bonjour, ravie de vous retrouver pour un nouveau rendez-vous du dimanche : premières lignes, créé par Ma Lecturothèque.

Le concept est très simple, chaque dimanche, il faut choisir un livre et en citer les premières lignes.

Je poursuis aujourd’hui avec vous ce nouveau rendez-vous hebdomadaire !

Et merci à Aurélia pour ce challenge.

Le livre en cause

Parasite de Sylvain Forge

Parasite
À Clermont-Ferrand, Marie Lesaux, capitaine fraîchement débarquée au sein de la brigade de protection de la famille, est chargée de tester les capacités de son nouveau coéquipier, réputé infaillible, un « policier » pas comme les autres puisqu’il s’agit d’une intelligence artificielle nommée Valmont.
Ce programme expérimental, mis au point dans le plus grand secret, pourrait résoudre les enquêtes les plus complexes. Assistée d’Ethan Milo, concepteur du projet, qui vit cloué dans un fauteuil depuis un attentat, Marie va utiliser Valmont pour tenter d’éclairer la mort d’une enfant, retrouvée au pied d’une tour. Une affaire qui semble pousser au suicide tous ceux qui s’y intéressent.
Confrontés au silence de la population, Marie et Ethan découvriront bientôt une menace qui dépasse leurs pires cauchemars…

1

La foule était dense et le crépuscule s’installait. Des silhouettes anonymes chargées de sacs de courses s’affairaient en tous sens sur les trottoirs. Une jeune femme admirait les décorations de Noël et regardait les bus de la capitale flanqués de publicités pour les grands magasins.

Paris

Elle aimait cette ville. Les souvenirs affluaient qui lui rappelaient les débuts de sa carrière. C’était avant qu’elle ne rencontre Michel, son ex-mari, et tout ce qui s’en était suivi.

Elle chassa ces pensées mélancoliques. Quelque chose clochait autour d’elle. C’était dans l’air, presque tangible. L’expérience. Une sorte de sixième sens nourri par des heures sur le terrain. La jeune femme, sans aucun signe extérieur d’affolement, checka toute la zone.

Une camionnette blanche stationnait au milieu de la chaussée, sans feux de détresse. Immobile. Anonyme. Les badauds la contournaient comme 12si elle n’existait pas. Mais Marie ne voyait qu’elle et chercha instantanément quelle pouvait être la cible. Un indice dans son entourage immédiat : synagogue, salle de spectacle ou terrasse de café… Ce qu’elle remarqua lui donna la chair de poule. Un panneau annonçait la proximité d’une école.

Sa main se posa par réflexe sur la crosse de son arme, rangée dans l’étui réglementaire collé contre sa taille. Que pouvait-elle faire ? Dégainer maintenant risquait de déclencher un mouvement de panique.

Un bus s’approchait, clignotant sur la droite. Les voyageurs allaient descendre à quelques mètres du véhicule suspect.

Marie sortit doucement son arme et tira la culasse vers l’arrière. Le bruit caractéristique indiqua qu’une cartouche était chambrée. Elle avait pris sa décision.

La porte latérale glissa côté gauche et deux silhouettes jaillirent. Cagoules noires, tenues sombres et fusils d’assaut.

Kalachnikov !

L’un des deux hommes resta en couverture près du véhicule. Le second se mit à courir vers l’arrêt de bus. Marie savait qu’une fois sur le trottoir, il ne serait plus qu’à quelques mètres de l’entrée de l’école pour un épouvantable carton. Les battements de son cœur s’accélérèrent. Son gilet pare-balles, en cas d’impact avec une arme de guerre, ne lui serait d’aucune utilité.

13— Police, lâchez vos armes !

Le premier des deux hommes tourna la tête vers elle. Le second se rua vers le bus d’où des femmes et de nombreux enfants commençaient à sortir.

Marie vit le canon de la Kalache la mettre en joue. Ses bras étaient tendus et son Sig Sauer pointé vers l’homme en noir.

Plus le moment de réfléchir.

Les paroles de son instructeur lui revinrent en mémoire : « Vous devez tirer pour tuer, sinon, inutile de dégainer. »

Elle fit feu à trois reprises.

Une balle toucha le pneu avant de la camionnette, les suivantes atteignirent l’individu à l’aine et au torse. Il bascula en arrière.

Les joues de Marie s’empourprèrent tandis qu’elle cherchait l’autre assaillant des yeux.

La foule était trop dense. Des gens fuyaient dans tous les sens.

Où es-tu, salopard !

Son cœur battait la chamade.

Elle resta pétrifiée au moment où les badauds et tout le décor disparurent au milieu d’une lumière éblouissante. C’était la fin.

Écran blanc.

Silence.

Des lettres s’affichèrent en grands caractères devant la jeune femme :

14EVA : Entraînement Vidéo Assisté

Cibles atteintes : 50 %

Victimes : 18

Les néons crépitèrent. Un instructeur s’approcha de Marie.

Autour d’eux, le stand de tir sentait la poudre et l’huile.

— Que s’est-il passé, capitaine Lesaux ?

Marie sécurisa son arme et balbutia quelques excuses en guise de réponse :

— C’était si réaliste… J’ai tout vécu comme si c’était vrai.

L’homme portait une casquette siglée « Police nationale ». Il hocha la tête.

— C’est autre chose que des cibles en carton, pas vrai ?

— Le terroriste s’est fait sauter ?

— Exact, juste devant l’école : dix-huit victimes, morts ou blessés, le programme de simulation ne le dit pas.

Les lèvres de Marie tremblaient légèrement.

— J’ai manqué de temps.

Le policier avait un ton compréhensif.

— L’EVA sert à ça : apprendre à réagir face à une situation violente, telle qu’on peut en rencontrer sur le terrain. Vous vous souvenez du scénario ? Un attentat a eu lieu avec de nombreuses victimes et les terroristes sont en fuite. Au vu des éléments dont vous disposiez, la loi du 3 juin 2016 pouvait s’appliquer.

15— Légitime défense étendue ?

— Oui : autorisation de neutraliser sans sommation un individu armé venant de commettre plusieurs meurtres.

— J’aurais dû les abattre tous les deux, sans attendre et sans me signaler ?

— Vous vouliez les mettre en garde à vue ? Des kamikazes ? Ils avaient une Kalachnikov et une cagoule, leurs intentions étaient parfaitement claires.

Elle se repassait la scène en boucle.

Les entraînements de tir vont devenir de plus en plus éprouvants.

Son téléphone sonna dans la poche de son blouson.

— Marie, on vous cherche partout.

C’était la secrétaire du patron.

— Qu’y a-t-il ?

— Le commandant Masson veut vous parler, il dit que c’est urgent.

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