L’exquis cadavre exquis, épisode 30

L’exquis cadavre exquis, épisode 30

Elle s’appelait Camille, avait la phobie de la chlorophylle et n’a rien trouvé de mieux que de se cacher dans une serre pour tenter d’échapper à son l’Assassin .

Les inspecteurs Lerot et Remini sont sur le coup mais de nombreuses questions restent encore inexpliquées

Pourquoi Max a-t-il été si troublé en apprenant la mort de Camille ? Qui envoyait à la victime de petits cercueils en bois ? Que sait la brigade financière sur cette mystérieuse affaire ?

Accrochez-vous, l’histoire se complique ! Camille a-t-elle été assassinée parce qu’elle enquêtait sur un vaste scandale pharmaceutique, avec Klatschmohn Aktion ? Ou bien à cause d’un détournement de fonds lié au Museum ? A moins qu’elle n’ait découvert l’escroquerie vinicole de son beau-père. Et si sa disparition était liée à celle de sa soeur jumelle ? La dépression de sa mère explique-t-elle son silence ? Quant à Costes, le privé à la réputation sulfureuse, quel rôle a-t-il joué dans l’histoire ?

Maintenant la suite c’est vous qui l’inventez !


L’exquis cadavre exquis

Exquis Cadavre Exquis. Episode 30. GuyJPG

Episode 30

by Guy Rechenmann

 

Prise d’appel

Sirène hurlante et gyrophare débridé, Sebastián fonce vers Lariboisière. La voiture banalisée du fonctionnaire de police ne laisse pas de doute quant à sa détermination d’homme pressé. Un regard haineux ajouté à un eczéma en pleine floraison lui confère un viatique pour l’enfer et toute rébellion d’un quidam quelconque serait peine perdue. Rien ne peut l’arrêter. Par miracle, personne n’est blessé durant la course folle. Seules quelques tôles froissées sont à déplorer lors de son arrivée en fanfare crissante sur le parking de l’hôpital, mais on verra plus tard. Elle s’est réveillée ! C’était le motif du coup de fil qu’il a reçu au bureau. Valérie a ouvert les yeux et a demandé où elle se trouvait.

 « Elle semble perdue, très pâle, mais elle est en vie », lui a précisé le chirurgien.

 Ça, c’est la bonne nouvelle. La mauvaise : elle ne se souvient de rien ! Ni de son nom, ni de son métier, ni où elle habite, enfin, rien de rien… Sebastián a eu le temps de réfléchir durant son gymkhana et il a compris. Enfin il pense avoir compris pourquoi elle n’était pas ad patres. Normalement elle aurait dû mourir d’une balle en plein cœur. D’autant qu’elle n’a pas le cœur à droite.  Cela existe, mais non ! Le tireur, un professionnel, sûrement le meurtrier des deux journalistes, devait l’attendre à la sortie de l’HP après sa visite à Laure Longchamps. Pas trop proche pour ne pas être repéré mais muni d’une lunette et d’un silencieux, il ne pouvait ni être débusqué ni rater sa cible. La configuration des lieux l’y autorisait. Or la balle est bizarrement entrée sous le cœur de sa collègue, ne touchant heureusement aucun organe vital. Un vrai miracle.

« La tête a heurté le rebord d’un massif lors de la chute », a précisé le praticien. « Le traumatisme peut expliquer sa perte de mémoire ». Et il a conclu de façon évasive : « Il faut attendre… »

Ce fameux rebord est, pour elle, à la fois une pierre de salut et peut-être un ciment destructeur, qui sait ? Sebastián se refait le film en voyant la scène de crime balisée. Le tueur attend… Valérie, la tête dans ses pensées, marche d’un pas alerte vers le parking. Elle n’a aucune raison d’être sur le qui-vive. Sa démarche a toujours été rapide, ce qui ne manquait pas d’agacer ses collègues. Mais elle ne suit pas le cheminement traditionnel, elle coupe prestement le fromage en direction de sa voiture, déstabilisant certainement le tireur. Elle va pour traverser la languette étroite composée de fleurs vivaces et, juste au moment où elle prend un vif appel pour franchir la margelle, le coup de feu part et rate le cœur. Il ne peut en être autrement, Sebastián en est certain. Maintenant un autre combat commence. Décidément, cette affaire n’en finira jamais…